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Le mystère de la « porte de l’enfer » enfin résolu

La « porte de l’enfer » vient enfin de livrer ses secrets. Redécouverte il y a sept ans dans la cité antique de Hiérapolis, cette simple porte de pierre conduisant à une cave était considérée comme sacrée par les Romains. À cet endroit, des prêtres castrats y poussaient des animaux qui finissaient par mourir en suffoquant, alors que les religieux en ressortaient sain et sauf.

Baptisé Plutonium, en référence à Pluton, le dieu romain des enfers, ce lieu était entouré de gradins, d’un temple et jouissait d’une grande popularité. Décrits par l’écrivain romain Pline l’Ancien, les prêtres qui revenaient vivants de la porte de l’enfer étaient considérés comme des miraculés. Pourtant, ce phénomène possède une explication beaucoup plus rationnelle.


Créée vers la fin du IIe siècle av. JC, la cité de Hiérapolis se trouve sur une zone marquée par des singularités géologiques. Elle est située au sommet d’une colline à Pamukkale, site naturel réputé pour ses sources chaudes et ses concrétions calcaires. Par ailleurs, du dioxyde de carbone s’échappe d’une profonde fissure volcanique qui parcourt la cité. Le Plutonium est construit sur cette fissure toujours aussi mortelle : en 2011, une étude italienne montrait que les oiseaux qui survolent de trop près cet endroit suffoquent et meurent à cause du gaz.

Un lac de dioxyde de carbone


Une équipe menée par le professeur Hardy Pfazn, biologiste à l’université de Duisbourg et Essen (Allemagne) a voulu analyser de plus près la question. Publié le 12 février dans la revue scientifique Springer Nature, le résultat de ce travail montre que la zone entourant la « porte de l’enfer » se charge en dioxyde de carbone (CO2) durant la nuit, formant un « lac » au niveau du sol. Ce phénomène est particulièrement mortel à l’aube, lorsque la concentration en CO2 est suffisante pour asphyxier des animaux ou des humains. Cependant, cette concentration en CO2 diminue rapidement avec la hauteur.

La cité de Hiérapolis fut complètement
abandonnée à la fin du XIVe siècle.

Selon Hardy Pfanz, les prêtres devaient effectuer leurs sacrifices le matin. Les animaux n’étant pas assez grands pour maintenir leur tête hors de cette nappe de CO2 devaient finir par mourir d’asphyxie à cause du gaz. Quant aux prêtres, ils devaient se tenir à une hauteur suffisante pour échapper au nuage toxique. Ce biologiste allemand pense même que ces religieux romains auraient pu avoir connaissance du processus chimique et l’aurait utilisé en connaissance de cause dans leurs rituels.