De nombreux pays du monde font face à une baisse vertigineuse de la natalité. Alors que l'Italie semble prisonnière de son déclin démographique, la Russie et la Chine font face à un échec de leur politique nataliste.
En Russie, le pouvoir a un œil rivé sur la guerre en Ukraine et l'autre sur les statistiques démographiques qui ne sont pas bonnes depuis des années. Le pays perd des habitants : de 147 millions d'habitants en 1989, le pays n'en comptait plus que 145,5 millions en 2021 et encore, en incluant les 2,4 millions d'habitants de la péninsule de Crimée, annexée en 2014.
C'est un problème récurrent des gouvernements russes depuis la fin de l'URSS : comment enrayer le déclin de la population ? La mortalité est plus importante que dans de nombreux pays européens, surtout chez les hommes et la natalité reste faible aux alentours de 1,5 enfant par femme en âge de procréer. La Russie perd des habitants. Pour y remédier, le pouvoir dépense des milliards de roubles en allocations pour le deuxième ou le troisième enfant.
Durant les deux prochaines années, la Russie pourrait connaître le plus faible nombre de naissances jamais enregistré.
En Chine, le taux de natalité au plus bas niveau depuis 1978
La Chine, comme la Russie, est elle aussi est confrontée au vieillissement de sa population. Les autorités multiplient les mesures incitatives pour essayer de relancer la natalité. Après des décennies de politique de l'enfant unique, les jeunes couples ont obtenu l'autorisation d'avoir deux enfants et même trois depuis l'année dernière, mais ces mesures n'ont aucun effet sur les chiffres. La diminution de la natalité atteint des proportions inquiétantes dans le pays le plus peuplé du monde. L'an passé, le taux de natalité est arrivé à son plus bas niveau depuis 1978, avec 7,52 naissances pour 1 000 personnes.
La raison principale est que les jeunes parents chinois qui ont changé de priorité. Les études et la carrière professionnelle sont désormais considérées comme plus importantes. C'est le cas pour cette maman qui a accouché de son premier bébé cet hiver à Shanghai à l'âge de 41 ans. "J'ai pris le temps qu'il fallait pour terminer mes études, explique-t-elle. J'ai passé ma thèse, je me suis mariée un peu tard et après le mariage, j'ai voulu vivre ma vie de couple. Je n'étais pas pressée d'avoir un enfant. En plus avec le travail, il y a beaucoup de pression quotidienne. Je n'ai pas la volonté d'élever un autre enfant."
Si les jeunes couples hésitent à passer le cap du premier enfant, c'est aussi parce que la vie est de plus en plus chère en Chine, le logement notamment et les études supérieures. Le coût de l'éducation dans le pays est considéré comme l'un des plus élevés au monde. Pour convaincre les parents, plusieurs régions ont récemment fait passer le congé maternité de 30 à 90 jours. Le planning familial a lancé un programme national pour essayer de limiter le plus possible les avortements, mais sans réel résultat pour le moment. L'enjeu est primordial pour la Chine qui redoute de ne pas pouvoir renouveler sa population pour faire fonctionner son économie.
L'Italie a le taux de fécondité le plus bas d'Europe avec l'Espagne
L'Italie est le pays d'Europe où le taux de fécondité est le plus bas avec l'Espagne. En 2021, le nombre de naissances est même passé sous la barre des 400 000 (contre 738 000 en France). Et si le taux de natalité n'est pas inversé en 2050, le pays comptera 5 millions d'habitants en moins avec seulement un peu plus d'une personne sur deux en âge de travailler.
Ce qui est marquant, c'est que cet état de fait est anticipé par les politiques : dans cinq ans, l'Education nationale va commencer à perdre des postes, 10 000 sur les cinq années suivantes, parce qu'il y aura près de 1,4 million d'élèves en moins sur les 12 prochaines années. Il y a tout juste un an, les premiers états généraux de la famille étaient organisés à Rome avec le Pape et Mario Draghi en invités. Mais "un an après notre cri d'alarme" selon l'organisateur Gigi De Palo, "concrètement, rien n'a été fait !"
Pourtant le gouvernement de Mario Draghi a mis en place une loi sur la famille et a même lancé les allocations familiales universelles. Sauf que les décrets d'application prennent du temps, que la révolution en effet de l'allocution unique n'est finalement en vigueur que depuis le mois de mars et qu'elle n'est pas assez financée, elle regroupe en un seul versement tout ce qui était proposé jusque-là. Autre difficulté : la lutte contre les écarts de rémunération entre homme et femme vient à peine de commencer. Et la prise en charge des enfants est insuffisante : d'ici cinq ans, l'Italie arrivera à un tiers d'enfants pris en charge, avec 17 ans de retard sur les objectifs européens.
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