Derrière beaucoup de coutumes, usages, traditions et expressions
militaires se cachent bien souvent des anecdotes insolites, amusantes ou
historiques. Alors pour étoffer votre culture générale et briller le
matin devant vos collègues à la machine à café, plongez-vous dans notre
rubrique du mercredi. Aujourd'hui, retour sur l'histoire du 14 juillet
comme fête nationale. Comment cette date a-t-elle été choisie ?
Pourquoi elle plutôt qu'une autre ? Explications.
Lors de son premier anniversaire en 1790, la fête
nationale ne célébrait pas exclusivement la prise de la Bastille, mais
aussi l'union du peuple et du roi à la nation française. Eh oui, le roi a
pris part au premier « 14 juillet » ! La célébration s'appelait alors
la « fête de la Fédération », faisant écho aux fédérations locales et
régionales de gardes qui se sont constituées d'abord dans le sud de la
France puis dans tout le pays dès le mois d'août 1789 (il s'agissait
d'éviter tout débordement au lendemain de la prise de la Bastille).
C'est La Fayette qui prend l'initiative d'organiser une grande fête
nationale célébrant « la » Fédération, c'est-à-dire la cohésion de la
nation française. Ainsi, le 14 juillet 1790, une grande foule se réunit
sur le Champ-de-Mars dans une exultation d'union nationale. Louis XVI
lui-même assiste à cette fête et y prête serment à la Nation et à la
loi. Au départ, la fête nationale est donc loin d'être révolutionnaire !
Mais le roi et sa femme, Marie-Antoinette, tentent en juin 1791 de fuir
de Paris pour lancer une contre-révolution. Ils sont arrêtés à
Varennes. Le peuple gronde face à cette trahison et la seconde édition
de la fête de la Fédération, le 14 juillet 1792, est un échec total.
Dès
lors, le choix du 14 juillet comme fête nationale présente l'avantage
d'avoir un double sens : révolutionnaire, le 14 juillet 1789 symbolise
la chute de l'Ancien Régime et de l'arbitraire royal ; conservatrice, la
date du 14 juillet 1790 met l'accent sur l'union de la Nation fédérée
plutôt que sur la chute de la monarchie. Au début de la IIIe
République, en 1880, le 14 juillet permet donc de concilier les
Républicains « radicaux » et les conservateurs nostalgiques. Ceci
explique donc le choix de l'Assemblée qui trouve dans le 14 juillet un
symbole fort, patriotique, mais aussi diplomatique. Au fil du temps, le
récit de la prise de la Bastille s'est cimenté dans l'imaginaire
collectif et la date est devenue symbole du soulèvement du peuple contre
la tyrannie du roi.