En cas d’accident grave, certaines installations nucléaires, notamment les centrales nucléaires de production d’électricité, sont susceptibles de rejeter dans l’atmosphère des éléments radioactifs et en particulier de l’iode radioactif. Ce radioélément, inhalé ou ingéré par la population exposée au rejet accidentel, contribuera le plus à l’irradiation de cette population. Il peut alors lui faire courir un risque accru de cancer de la thyroïde. Pour éviter que la thyroïde ne fixe l’iode radioactif, une prise d’iode stable (iode naturel, non radioactif), en saturant cette glande, constitue un moyen de prévention efficace pour protéger la santé des populations exposées. C’est pourquoi des comprimés contenant de l’iode stable sont distribués préventivement aux populations vivant à proximité des installations nucléaires. En cas d’alerte de rejet radioactif accidentel, la prise de ce comprimé serait ordonnée par le Préfet, conseillé par l’Autorité de sûreté nucléaire.
- Quel est le rôle de l’iode dans l’organisme ?
L’iode stable est un oligo-élément naturel absolument nécessaire à notre santé. Il entre, en effet, dans la composition d’hormones fabriquées par une glande située sur le devant du cou, la glande thyroïde. Ces molécules biologiques sont sécrétées par la thyroïde dans la circulation sanguine et agissent sur le métabolisme de différents organes cibles. Elles jouent notamment un rôle capital dans la croissance et le développement.
L’iode ingéré ou inhalé se concentre
majoritairement dans la thyroïde, très avide
d’iode parce que cet élément est nécessaire
à la production continue des hormones
thyroïdiennes. De ce fait, seule une faible
proportion de l’iode absorbé se fixe dans
d’autres organes : les glandes salivaires, la
muqueuse digestive.
L’iode radioactif peut être fixé par la
thyroïde tout comme l’iode stable, naturel.
L’apport alimentaire quotidien en iode
stable n’étant pas en mesure de saturer la
thyroïde, une absorption d’iode radioactif,
inhalé, par exemple, lors d’un accident
nucléaire, risque, dès lors, d’exposer particulièrement cette glande.
Schéma anatomique de la glande thyroïde.
> L’iode stable est présent en petite quantité dans l’eau et les aliments que nous consommons,
voire aussi dans l’air marin que nous respirons. Il est plus ou moins abondant selon les
régions et les aliments. 90 µg* pour les enfants, 150 µg* pour les adultes et 200 µg* pour les
femmes enceintes ou allaitantes suffisent à couvrir les besoins nutritionnels journaliers en
iode. Les poissons et les fruits de mer sont particulièrement riches en iode : le maquereau et
les moules par exemple ont une teneur moyenne en iode de 140 µg /100g.
*µg = microgramme = millionième de gramme = millième de mg.
- Quels sont les éventuels effets sur la thyroïde d’une absorption d’iode radioactif ?
L’iode radioactif, en se fixant à la place de l’iode stable naturel dans la thyroïde, expose les cellules de la glande aux rayonnements qu’il émet. Si la quantité d’iode radioactif qui s’est concentré dans la thyroïde est importante, ces rayonnements risquent d’en détruire une partie des cellules et de provoquer ainsi des altérations fonctionnelles de la glande. Ils risquent aussi d’en modifier des cellules et d’induire, plusieurs années après, le développement de tumeurs cancéreuses dans la thyroïde. C’est le cas notamment chez les enfants, dont la thyroïde est particulièrement radio sensible, comme l’accident de Tchernobyl l’a démontré chez les populations des territoires ukrainiens, biélorusses et russes, les plus gravement contaminés. Différents traitements permettent de soigner efficacement ces cancers thyroïdiens avec un pronostic favorable.
- Quand et comment prendre les comprimés d’iode ?
Les comprimés d’iodure de potassium stable ne constituent ni une sorte de vaccin radio protecteur ni un traitement permanent. Ils doivent être absorbés au bon moment, lorsqu’un accident nucléaire a été déclaré et menace de provoquer un rejet d’iode radioactif.
C’est le Préfet du département, responsable de la protection des populations autour du site nucléaire concerné, qui donne la consigne de prise d’iode. Cette consigne est relayée par tous les moyens d’information disponibles. La prise d’un seul comprimé, avalé avec un verre d’eau ou dissous dans une boisson, suffit à protéger efficacement, durant un à deux jours, un adulte ou un adolescent. Pour un enfant de plus de trois ans, 1/2 comprimé suffit, et, pour un nourrisson ou un enfant de moins de 3 ans, 1/4 de comprimé est suffisant. Il importe donc que chaque personne vivant à proximité d’une installation nucléaire ait à sa disposition les comprimés d’iodure de sodium.
- Comment se procurer les comprimés d’iode ?