Au Portugal, les azulejos, ces petits carreaux de faïence emblématiques, sont des objets de convoitise pour beaucoup de touristes malhonnêtes.
À Lisbonne, les façades décrépites de nombreuses maisons à l’abandon sont arrachées de leurs beaux azulejos. Très prisés des touristes étrangers, ces petits carreaux de faïence, souvent de couleur bleue (« azul » en portugais), sont l’objet d’un pillage phénoménal depuis le début des années 2000.
Le palais Pombal en est l’exemple type. En l’absence de fonds de la mairie de Lisbonne, cette ancienne demeure de la famille du Marquis de Pombal, personne historique du Portugal, a été laissée à l’abandon. Le bâtiment, construit au XVIIe siècle, fait partie des édifices à haut risque recensés par le projet « SOS Azulejo ».
Les vols déclarés d’azulejos ont diminué de 80 %, mais il y en a énormément qui échappent aux statistiques, faute d’être signalés à la police. En effet, les Portugais ne portent pas plainte car c’est pour eux la chose la plus banale au monde. Mais les touristes en raffolent car il n’y en a pas chez eux.
Si les vols d’azulejos ont fortement diminué depuis une dizaine d’années, ils ne se sont pas complètement arrêtés. La demande pour les azulejos anciens s’est notamment accrue avec le boom du tourisme à Lisbonne. À la Feira da Ladra ("foire à la voleuse"), les faïences anciennes se négocient entre 5 et 100 €, et leur prix peut aller jusqu’à 10 000,00 € chez l’antiquaire.
Les azulejos sont un héritage des Maures, qui ont occupé le pays entre les VIIe et XIIIe siècles. Grâce à eux, les façades en ruines de Lisbonne se parent de mille couleurs. Depuis 2013, la démolition des façades décorées d’azulejos est interdite à Lisbonne sans autorisation préalable de la mairie. Une règle qui devrait prochainement être appliquée à l’ensemble du pays.
Pour préserver ce patrimoine précieux, les contrôles des inspecteurs de police sont fréquents sur les stands des marchés. Heureusement, la plupart des azulejos sont d’origine licite, Ce sont parfois les propriétaires eux-mêmes qui s’en débarrassent pour rénover leurs maisons.