En cas de maladie de Crohn, l’inflammation peut toucher n’importe quelle partie du tube digestif, de la bouche à l’anus. Mais le plus souvent, elle s’installe à la jonction de l’intestin grêle et du côlon (gros intestin)
Maladie de Crohn ou colite ulcéreuse?
La maladie de Crohn a été décrite pour la première fois en 1932 par un chirurgien américain, le Dr Burril B. Crohn. Elle ressemble en plusieurs aspects à la colite ulcéreuse, une autre maladie inflammatoire fréquente de l'intestin. Pour les distinguer, les médecins utilisent différents critères. La colite ulcéreuse ne touche qu’un segment délimité du rectum et du côlon. Pour sa part, la maladie de Crohn peut atteindre d'autres parties du tube digestif, de la bouche aux intestins (parfois en laissant des zones saines). Il arrive qu’il ne soit pas possible de distinguer ces deux maladies. On appelle alors l’affection « colite indéterminée ».
Prévalence
Au Canada, la maladie de Crohn touche environ 50 personnes par 100 000 de population dans les pays industrialisés, mais il y a une très grande variabilité selon la région géographique. L’endroit au monde où il y a le plus de cas rapportés est en Nouvelle Écosse, une province Canadienne, où le taux grimpe à 319 pour 100,000 personnes. Au Japon, en Roumanie et en Corée du Sud, le taux est à moins de 25 pour 100,000.
Causes
La maladie de Crohn est due à une inflammation persistante des parois et des couches profondes du tube digestif. Cette inflammation peut entraîner un épaississement des parois à certains endroits, des fissures et des plaies à d’autres. Les causes de l’inflammation sont inconnues et vraisemblablement multiples, impliquant des facteurs génétiques, auto-immuns et environnementaux.
Facteurs génétiques. Bien que la maladie de Crohn ne soit pas une maladie entièrement génétique, certains gènes peuvent augmenter les risques d’en être atteint. Ces dernières années, les chercheurs ont découvert plusieurs gènes de susceptibilité, dont le gène NOD2/CARD15, qui multiplie par 4 ou 5 le risque de souffrir de la maladie. Ce gène joue un rôle dans le système de défense de l’organisme. Cependant, d’autres facteurs sont nécessaires pour que la maladie survienne. Comme dans bien d’autres maladies, il semble qu’une prédisposition génétique combinée à des facteurs de l’environnement ou du mode de vie déclenche la maladie.
Facteurs auto-immuns. Comme la colite ulcéreuse, la maladie de Crohn a des caractéristiques de maladie auto-immune. Les chercheurs pensent que l’inflammation du tube digestif serait liée à une réaction immunitaire excessive de l’organisme contre des virus ou des bactéries présents dans l’intestin.
Facteurs environnementaux. On remarque que l’incidence de la maladie de Crohn est plus élevée dans les pays industrialisés et tend à augmenter depuis 1950. Cela laisse croire que des facteurs environnementaux, probablement liés au mode de vie occidental, pourraient avoir une influence importante sur l’apparition de la maladie. Cependant, aucun facteur spécifique n’a encore été décelé. Plusieurs pistes sont cependant à l’étude. L’exposition à certains antibiotiques, en particulier de la classe des tétracyclines, est un facteur de risque potentiel. Les fumeurs sont plus à risque de développer la maladie. Les personnes trop sédentaires sont plus affectées que les personnes qui sont plus actives.
Il est possible, mais il n’y a pas de preuve absolue, que l’alimentation trop riche en mauvais gras, en viande et en sucre augmente le risque. On a longtemps pensé que le stress pouvait déclencher des crises. Cependant, les études réalisées jusqu’à présent semblent réfuter cette hypothèse.
Les chercheurs se penchent surtout sur le rôle éventuel d’une infection par un virus ou une bactérie (salmonella, campylobacter) dans le déclenchement de la maladie. Outre une infection par un microbe « extérieur », un déséquilibre de la flore intestinale (c’est-à-dire des bactéries naturellement présentes dans le tube digestif) pourrait aussi être en cause.
Par ailleurs certains éléments semblent exercer un effet protecteur. Il s’agit de la diète riche en fibres et en fruits, le contact avant l’âge d’un an avec des chats ou des animaux de la ferme, l’appendicectomie, de même que d’avoir eu une gastroentérite ou des infections respiratoires. Il n’y a par ailleurs aucune association entre le vaccin RRO (rougeole-rubéole-oreillons) et la maladie de Crohn.
Évolution de la maladie
Il s’agit d’une maladie chronique qui est présente toute la vie. Le plus souvent, la maladie de Crohn évolue par poussées entrecoupées de périodes de rémission qui peuvent durer plusieurs mois. Environ 10 % à 20 % des personnes présentent une rémission durable après la première poussée de la maladie. Les récidives (ou crises) se succèdent de façon assez imprévisible et sont d’intensité variable. Il arrive parfois que les symptômes soient tellement intenses (incapacité à s’alimenter, hémorragies, diarrhées, etc.) qu’une hospitalisation devient nécessaire.
Complications et conséquences possibles
La maladie de Crohn peut entraîner divers problèmes de santé. La gravité des symptômes et des complications varie toutefois énormément d’une personne à l’autre.
- Une obstruction du tube digestif. L’inflammation chronique peut entraîner un épaississement de la paroi du tube digestif, pouvant conduire à un blocage partiel ou total du tube digestif. Cela peut entraîner des ballonnements, de la constipation, voire des vomissements de matières fécales. Une hospitalisation d’urgence peut être nécessaire pour éviter une perforation de l’intestin.
- Des ulcères dans la paroi du tube digestif.
- Des plaies autour de l'anus (des fistules, des fissures profondes ou des abcès chroniques).
- Des hémorragies du tube digestif, rares mais parfois graves.
- Les personnes atteintes de la maladie de Crohn au côlon ont un risque légèrement accru d’être victimes d’un cancer du côlon, surtout après plusieurs années de maladie, et même si elles sont en traitement. Il est donc conseillé de subir un dépistage précoce et régulier du cancer du côlon.
- Une dénutrition, car durant les crises, les malades ont tendance à moins manger en raison des douleurs. De plus la capacité d’absorber les aliments à travers la paroi de l’intestin est compromise, en langage médical on parlera de malabsorption.
- Un retard de croissance et de puberté chez les enfants et les adolescents.
- Une anémie ferriprive, en raison de saignements dans le tube digestif, qui peut survenir à bas bruit et être invisible à l’œil nu.
- D'autres problèmes de santé, comme de l'arthrite, des affections de la peau, une inflammation des yeux, des ulcères buccaux, des calculs rénaux ou des calculs biliaires.
- La maladie de Crohn, lorsqu’elle est en phase « active », augmente le risque d’avortement spontané chez les femmes enceintes qui en sont atteintes. Elle peut rendre difficile la croissance du foetus. Il est donc important que les femmes qui souhaitent devenir enceintes contrôlent très bien leur maladie à l’aide de traitements et en discutent avec leur médecin.
Les symptômes de la maladie de Crohn
Symptômes principaux
- Des douleurs et crampes abdominales fréquentes, qui s'accentuent après les repas.
- Une diarrhée chronique (qui dure plus de 2 semaines).
- De la fatigue et un malaise général.
- Un faible appétit et une perte de poids, même avec un régime alimentaire équilibré.
Autres
- Du sang dans les selles, parfois en quantité importante (hémorragies).
- Des glaires dans les selles. Les glaires sont un mucus épais et filant ayant la consistance d’un blanc d’oeuf.
- Des nausées et des vomissements.
- Une légère fièvre (de 38 ºC à 40 ºC).
- Des douleurs aux articulations.
Les personnes à risque et les facteurs de risque de la maladie de Crohn
Personnes à risque
- Les personnes ayant des antécédents familiaux de maladie inflammatoire de l'intestin (maladie de Crohn ou colite ulcéreuse). Ce serait le cas pour 10 % à 25 % des personnes atteintes.
- Certaines populations sont plus à risque que d’autres, en raison de leur patrimoine génétique. La communauté juive (d’origine ashkénaze), par exemple, serait de 4 à 5 fois plus touchée par la maladie de Crohn.
Facteurs de risque
La prévention de la maladie de Crohn
Comme on ne connaît pas précisément les causes de la maladie, aucun moyen de la prévenir n'est connu.
Une étude publiée en 2010, menée auprès de plus de 67 000 femmes en France, a toutefois montré qu’une consommation importante de protéines animales (viandes et poissons) était associée à un risque accru de souffrir de la maladie. Ces données restent à confirmer pour les hommes et les enfants.
Mesures pour prévenir l’aggravation et les récidives
Suivre le traitement à la lettre. Le traitement, s’il est adapté et bien suivi, permet de réduire la fréquence des crises et de prévenir l’aggravation des lésions.
Ne pas fumer. Le tabagisme, même léger, augmente l’intensité des symptômes, le nombre de récidives et d’interventions chirurgicales liées à la maladie.
Éviter les médicaments anti-inflammatoires en vente libre ou sur ordonnance. Ceux-ci sont contre-indiqués, car ils peuvent déclencher une crise ou aggraver les symptômes. Comme antidouleur, privilégier l’acétaminophène. Aux doses recommandées, l’acétaminophène (Tylenol®) est sans danger pour le système digestif.
Remarque
L’alimentation. Plusieurs études se sont penchées sur l’utilité de divers changements du régime alimentaire pour prévenir les récidives. Certaines ont testé l’effet d’un apport réduit en sucres raffinés et accru en oméga-3. D’autres ont testé l’exclusion de certains aliments. Ces expériences n’ont toutefois pas permis de découvrir une diète particulière qui permettrait de prolonger la durée des périodes de rémission chez la majorité des patients.
Dans certains cas, il semble toutefois que certains aliments aggravent les symptômes, mais ces aliments varient d’une personne à l’autre. Il peut s’agir de la viande rouge, des céréales (blé ou maïs), des produits laitiers, de certains fruits ou légumes, etc. Il est conseillé à chaque personne atteinte de découvrir ces aliments, par exemple en notant dans un carnet la composition des repas et l’intensité des symptômes après chaque repas. Certains médecins suggèrent d’exclure les aliments « déclencheurs » pendant 2 à 4 semaines pour voir si les symptômes s’atténuent ou non. En effet, les réactions aux aliments ne sont pas nécessairement immédiates.
Les traitements médicaux de la maladie de Crohn
Puisque la maladie évolue par poussées entrecoupées de périodes de rémissions, il est parfois difficile pour le médecin d’évaluer l’efficacité des traitements entrepris. Pour mieux juger de l’efficacité d’un traitement, il est donc recommandé de tenir un journal où l’on note quotidiennement : - le nombre de selles; - l'état des selles (liquides ou solides); - la fréquence, la durée et l'intensité (sur une échelle de 1 à 10, par exemple) des douleurs abdominales ou des crampes d'estomac; - la qualité de l'appétit; - les aliments qui aggravent les symptômes; - les moments de la journée où les symptômes sont le plus présents; - le poids (chaque semaine). |
Médicaments
Anti-inflammatoires
- Les aminosalicylates (ou dérivés salicylés), parmi lesquels la sulfasalazine (Azulfidine®) et la mésalazine ou mésalamine (Rowasa®, Canasa®, Asacol® Pentasa®, Apriso™, Lialda®, Mezavant®) sont administrés par voie orale, rectale (suppositoires) ou par lavement. Ils sont utilisés à la fois pour calmer les poussées et pour maintenir la rémission. Les effets secondaires les plus courants sont les nausées, les vomissements et les maux de tête.
- Si les aminosalicylates intestinaux ne suffisent pas à soulager les symptômes, le médecin suggère des anti-inflammatoires plus puissants, comme les corticostéroïdes oraux, qui ont un effet anti-inflammatoire général. Les corticostéroïdes les plus communément prescrits pour soigner la maladie de Crohn sont la prednisone et la prednisolone. Ils sont habituellement employés pendant quelques semaines, jusqu’à ce que la rémission soit obtenue. La dose est ensuite diminuée progressivement. Dans certains cas où la maladie est localisée et modérément active, le budésonide, un corticoïde qui agit localement dans le tube digestif, donc avec moins d’effets secondaires, peut être proposé.
Les corticostéroïdes oraux à effet systémiques comportent cependant des risques d’effets indésirables plus marqués, qui limitent leur usage à long terme. Il s’agit notamment d’une prise de poids, d’acné, d’une pilosité accrue, de troubles de l’humeur et d’insomnie. À long terme, les corticostéroïdes peuvent aussi induire une ostéoporose.
Immunomodulateurs et biothérapies
Autres médicaments
Alimentation
Chirurgie
Cette maladie évolue en poussée et rémissions. Il faut donc se méfier des associations fortuites que vous pouvez faire. Si vous avez plus de douleurs un vendredi matin, ce n’est pas nécessairement en lien avec ce que vous avez mangé le jeudi soir. Et si vous vous sentez mieux, ce n’est pas nécessairement à cause des granules homéopathiques que vous avez pris la veille. C’est seulement avec les recherches randomisées en double aveugle que l’on peut affirmer qu’un traitement peut être efficace ou pas.
Restez vigilants, évitez les cures miracles, ayez une excellente hygiène de vie, et trouvez un médecin qui vous suivra attentivement. Le suivi conjoint avec un gastro-entérologue est fortement suggéré. On peut bien vivre avec la maladie!
Approches complémentaires
Important. À cause de l’imprévisibilité, tant de la survenue des crises que de la durée des périodes de rémission, l’effet thérapeutique des approches complémentaires suivantes est difficile à évaluer. Il est préférable de consulter son médecin avant d’entreprendre tout traitement.Dosage
Pour les troubles digestifs, elle s'utilise par voie interne sous forme d'infusion, d'extrait liquide ou d'extrait sec. Voyez la fiche Camomille allemande pour plus de détails sur la posologie.
Dosage
Prendre de 300 mg à 400 mg d'extrait de résine standardisé (37,5 % d'acide boswellique) en capsule ou en comprimé, 3 fois par jour.
Les plantes médicinales suivantes font partie de la recette : la guimauve (Althea officinalis), l'orme rouge (Ulmus rubra), l'indigo sauvage (Baptisia tinctoria), l'hydraste du Canada (Hydrastis canadensis), l'échinacée (Echinacea angustifolia), la phytolaque d'Amérique (Phytolacca americana), la consoude (Symphytum officinale) et le géranium tacheté (Geranium maculatum). Informez-vous auprès d’un thérapeute dûment formé.