La cigogne noire se distingue par un plumage bicolore : la tête, le cou, les parties supérieures et la queue sont noirs, avec des reflets verts et violets. Le bas de la poitrine, l’abdomen, le bas-ventre, les cuisses et les sous-caudales sont blancs. Les parties nues, bec, pattes et cercle oculaire sont rouge vif. L’immature présente moins de contraste : le noir est remplacé par un brun terne, le bec et les pattes sont gris-rosâtres et le tour de l’œil rouge n’est pas nettement tracé. On ne remarque pas de dimorphisme sexuel.
Où vit la cigogne noire ?
Bien que distribuée sur les 2 hémisphères, la cigogne noire est absente des continents australiens et américains. Dans l’hémisphère nord, elle niche en Europe (de la péninsule ibérique à l’Ukraine) ainsi que dans la steppe sibérienne. Une population isolée occupe le sud-est de l'Espagne et le Portugal. L’hémisphère sud abrite une population un peu plus vaste dans la partie sud de l’Afrique, depuis le Malawi et la Namibie jusqu’en Afrique du Sud, en passant par la Zambie et le Bostwana.
Comme la cigogne blanche, l’espèce noire migre vers des climats plus favorables en hiver. Les effectifs d’Europe occidentale hivernent en Afrique de l’ouest (Mauritanie, Sénégal, Mali, Burkina Faso…) tandis qu’une partie de la population ibérique reste sur place. Les oiseaux d’Europe de l’Est gagnent d’autres pays africains tels que l’Ethiopie, le Tchad ou la Centrafrique. Les couples nicheurs de Sibérie rejoignent l’Asie, depuis l’ouest du Pakistan au nord de l’Inde, ainsi qu’au sud-est et l’est de la Chine. La cigogne noire du sud de l’Afrique est sédentaire, n’effectuant que des déplacements altitudinaux.
Quel est son habitat de prédilection ?
Le milieu de vie de la cigogne noire change selon les saisons :
- En période de reproduction, l’échassier est forestier. Il installe souvent son nid dans des boisements situés à proximité de zones humides, des petits cours d’eau fermés et tranquilles de type marais. Dans nos contrées, la cigogne noire recherche en plaine des futaies âgées et assez claires. Les vieilles chênaies ont sa préférence, suivies des formations de pins maritimes puis de hêtres. À l’est de son aire, l’oiseau niche parfois dans des bosquets, voire des arbres isolés. Sur la péninsule ibérique, la cigogne noire nidifie volontiers en milieu rupestre ;
- En hivernage et sur ses haltes migratoires, la cigogne noire ne craint plus pour sa progéniture. Elle peut alors occuper des sites plus ouverts. L’échassier réside dans les oueds africains et se déplace en fonction de leur assèchement progressif. Le soir, les oiseaux se rassemblent au sein de dortoirs juchés sur des arbres hauts de la savane.
Que mange la cigogne noire ?
La cigogne noire se nourrit surtout de poissons. À son régime essentiellement piscivore s’ajoutent quelques autres proies aquatiques, dont des batraciens, des insectes, des crustacés (écrevisses), des mollusques gastéropodes, des petits reptiles et micromammifères. La cigogne noire capture ses victimes en pataugeant dans des eaux peu profondes. En France, on note que le chabot est le poisson le plus distribué aux cigogneaux pendant leur élevage. Les aliments sont stockés dans le jabot des adultes pour être régurgités à un stade plus ou moins avancé au nid.
Quel est son mode de vie ?
Espèce diurne mais farouche, la cigogne noire se cache dans les milieux forestiers tandis que sa cousine blanche fréquente des habitats anthropisés. L’oiseau se révèle aussi plus discrète lors de la reproduction. Les 2 partenaires exécutent quelques parades agrémentées de vocalisations brèves. La timidité de l’échassier s’accompagne d’un tempérament solitaire sur les sites de nidification, les couples évoluant indépendamment les uns des autres. Les comportements grégaires se manifestent en période de migration et d'hivernage. Les déplacements migratoires postnuptiaux s’observent de fin juillet à fin octobre. À l’instar de tous les ciconiidés, la cigogne noire vole le cou et les pattes tendus. Et comme de nombreuses espèces migratrices, elle profite des ascendances thermiques pour optimiser son vol.
Comment la cigogne noire fait-elle son nid ?
Les couples nicheurs commencent à revenir de leur quartier d’hiver à partir de fin février. Cette espèce monogame est très attachée à son aire de nidification et y revient chaque année. Elle peut réutiliser son nid s’il est en bon état (ni détérioré, ni souillé ni occupé par d’autres oiseaux). En cas de déconvenue, un deuxième nid se trouve souvent à plusieurs centaines de mètres, tout au plus à 4 kilomètres. Placé sur une grosse branche latérale, le nid volumineux se compose de branchettes et peut atteindre 2 m de diamètre pour 1,5 m d’épaisseur. L’intérieur est garni de mousse, d'herbes et de feuilles mêlées à de la terre.
Comment sont élevés les cigogneaux noirs ?
De fin mars à mai, la femelle pond 3 à 4 œufs blancs qu'elle incube 32 à 38 jours en alternance avec le mâle. À leur éclosion, les oisillons sont nourris par les 2 parents qui régurgitent de la nourriture 4 à 5 fois par jour. Chacun reçoit entre 200 g de nourriture (les premiers jours) et 500 g en fin de croissance. Durant la période de couvaison et d’élevage, les cigognes noires se montrent particulièrement silencieuses pour ne pas attirer l’attention des prédateurs, tels que les rapaces. Le séjour au nid dure entre 65 et 70 jours, après quoi les cigogneaux s’émancipent définitivement. Ils peuvent se reproduire vers l’âge de 3 ans.
La cigogne noire est-elle menacée ?
Au stade adulte, la cigogne noire connaît peu de prédateur naturel car elle se trouve en position haute dans la chaîne alimentaire. Les jeunes et les œufs peuvent toutefois être la proie des rapaces. Au niveau mondial et européen, l’oiseau est classé en “préoccupation mineure” par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En France, l’UICN considère les couples nicheurs "en danger" et la population de passage "vulnérable". Parmi les menaces pesant sur la cigogne noire, on peut citer :
- Les dérangements liés à l’activité humaine ;
- Les coupes et travaux forestiers sur les sites de nidification ;
- La dégradation des zones humides par le drainage et la mise en culture (monocultures céréalières et utilisation de pesticides) ;
- L’électrocution et la collision avec les lignes électriques ;
- L'assèchement des zones de nourrissage sur son aire africaine d’hivernage.
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