En 2004, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé les 8 et 9 mai journées du souvenir et de la réconciliation, pour rendre à toutes les victimes de la Seconde Guerre mondiale l’hommage qui leur est dû. Une occasion pour se rappeler des goumiers marocains ayant combattu dans les rangs de l’armée française et grâce auxquels plusieurs territoires de l’Hexagone, dont la Corse, ont été libérés.
- Des goumiers pour pacifier les tribus marocaines
«A partir de novembre 1914, les pertes dans l’armée française sont telles que Paris ordonne d’accélérer le recrutement des soldats marocains [qui] sont alors engagés [même s'ils ne disposent que de] peu d’expérience militaire. Pour parer au plus pressé, on n’hésite pas à aller chercher dans les prisons du royaume d’anciens soldats de l’armée du Sultan faits prisonniers après la révolte de Fès en 1912. En échange de leur liberté, ces hommes s’engagent à combattre en France pour la totalité de la guerre.»
- Quelque 85 000 Marocains pour renforcer les effectifs des Alliés
«Le 3 septembre 1939, la France et le Royaume Uni déclarent la guerre au IIIème Reich, en réponse à son attaque contre la Pologne, deux jours plus tôt. C’est le début de la Deuxième Guerre mondiale en Europe», note un document de l’Ambassade de France à Rabat. La même source rapporte aussi que «le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef exprime alors son soutien inconditionnel et total à la France contre l’Allemagne nazie dans son célèbre appel du 3 septembre 1939, lu dans toutes les mosquées du pays les jours suivants».
Nous sommes au mois de novembre 1942. Après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, et notamment au Maroc, les goums marocains (compagnies) sont appelés à se joindre aux Britanniques et Américains. Quelque 85 000 Marocains prennent donc part à la guerre. Dans son livre «Un homme en guerre» (Editions France-Empire, 1977), le général Augustin Guillaume explique que les quatre groupements de tabors marocains (GTM) regroupait chacun trois tabors (bataillons) lesquels rassemblent trois ou quatre goums chacun. Les quatre GTM constituaient alors l’équivalent d’une forte brigade d’infanterie légère sous l’appellation de «Commandement des Goums Marocains» (CGM). L’historien Paul Gaujac précise, de son côté, dans son livre «Le corps expéditionnaire français en Italie»(Editions Histoire et collections, 2004) que durant la Seconde Guerre mondiale, chaque GTM comportait près de 3 000 hommes dont un peu plus de 200 officiers et sous-officiers. «Il (GTM) comprend un goum de commandement et d'engin (GCE) et trois tabors», détaille-t-il.
Des goumiers du 2e groupe de tabors marocains embarquant dans un chaland de débarquement en Corse pour l'île d'Elbe. / Ph. United States Army Center of Military History.
- Des héros pour la France et les Italiens.
De novembre 1943 à juillet 1944, sous les ordres du général Alphonse Juin, le Corps expéditionnaire Français comprenait un effectif global de 125 000 hommes parmi lesquels ceux de la 2e Division d’Infanterie Marocaine (2e DIM) et de la 4e division marocaine de montagne (4e DMM), en plus de tabors marocains. «Cette phase de la campagne d’Italie fut l’occasion pour les combattants marocains de réaliser leurs plus brillants exploits au cours de la Seconde Guerre mondiale. En trois semaines de lutte ininterrompue dans des montagnes arides et escarpées, ils ont fait avancer inexorablement le front allié, malgré une résistance d’un extrême acharnement», raconte le site spécialisé des questions militaires Theatrum-Belli.
Les Marocains se distingueront lors du débarquement en Provence du 15 août 1944 et dans la libération de la France, en marquant l’histoire lors des combats autour de Marseille et Strasbourg. Les goumiers marocains prendront aussi part à la campagne d’Allemagne en 1945 qui prendra fin avec l’armistice du 8 mai 1945. La bonne réputation des goumiers marocains est toutefois entachée par quelques incidents qu’on leur attribue à tort comme à raison mais qui ne font pas oublier, en aucun cas, leur contribution à la victoire des Alliés.
- 11 000 goumiers tués, blessés ou disparus.
Toutefois, la reconnaissance de la France de la bravoure et de l’engagement des goumiers marocains n’avait pas tardé. «Le Sultan du Maroc est fait compagnon de la Libération par le Général De Gaulle le 18 juin 1945 à Paris en reconnaissance des sacrifices consentis par son peuple pour soutenir l’effort de guerre de la France, raconte le document de l’Ambassade de France au Maroc. A cette occasion, sur les Champs Elysées, les goumiers marocains sont acclamés par la foule lors du défilé célébrant l’appel du Général De Gaulle à Londres et la Victoire.» L'une des unités d'infanterie les plus décorées de la Seconde Guerre mondiale est aussi marocaine et il s’agit du deuxième groupe de tabors marocains (2e GTM).