Le Maroc est une terre de Berbères, partiellement arabisée il y a 13 siècles, qui a aussi reçu des apports humains et culturels en provenance de l’Espagne et de la France... Le paysage linguistique marocain est le témoin de ces brassages :
- L’arabe seule langue officielle et langue maternelle de près des deux tiers de la population. C'est aussi la langue de la religion dominante, l'islam. Il faut cependant distinguer l'arabe officiel, celui de l'administration et l'arabe dialectal (la véritable langue maternelle : la darija) que parlent tous les Marocains, même si plus d'un tiers d’entre eux ont d’abord appris le berbère. La darija n'est utilisée à la télévision que depuis peu. Marginalement, il existe deux autres variantes de l’arabe : le judéo-marocain (quelques milliers de locuteurs au Maroc, plus 200 000 en Israël, quelques dizaines de milliers en France) et l’hassania (hassaniyya), parlée par quelques dizaines de milliers de personnes dans l’extrême Sud (région de Tan Tan) ainsi qu’au Sahara marocain (ce dialecte est surtout parlé en Mauritanie).
- L’amazighe (langue berbère) est parlée par environ 40 % de la population, mais n'a pratiquement pas d'existence officielle. Comme l’arabe, elle est divisée en plusieurs dialectes, notamment : - le rifain, ou zenatiya, ou tarifit, parlé dans le Rif. - le tamazight ( ou braber) parlé dans le Moyen Atlas, une partie du Haut Atlas et plusieurs vallées. Il dispose d’un alphabet (le tifinagh) également utilisé par les Touare. - le tachelhit pratiqué par les Chleuhs du Haut Atlas, du Sous et du littoral du sud du Maroc. De façon plus marginale, ces trois dialectes berbères sont parlés en Algérie et en France. On publie peu en langue berbère, quelques journaux quelques livres. Beaucoup de ceux qui le parlent ne le lisent pas (faute d’un apprentissage scolaire qui n’existe pas au Maroc). Le sujet du statut de cette langue reste tabou. Au cours des années 1990, plusieurs enseignants ont été emprisonnés pour avoir demandé l’adoption du berbère comme langue officielle au côté de l’arabe.
- Le français est parlé, à des degrés divers, par une bonne partie de la population, principalement dans les villes et dans les milieux instruits. La majeure partie de la presse marocaine est publiée en français, ainsi qu’un tiers des livres édités au Maroc.
- L'espagnol est encore un peu parlé dans ce qui fut le Maroc espagnol (le Nord) mais plutôt par des gens âgés.
- L'anglais s'est imposé comme langue étrangère. Au Maroc, il ne menace pas le français, qui n'est pas vraiment une langue étrangère, sauf dans les milieux islamistes qui en ont fait leur langue de communication internationale.