La fiesta, le Barça, le Real Madrid,
les tapas et le flamenco. Quand on pense à ce qui symbolise l’Espagne, certains
clichés viennent spontanément à l’esprit. La danse flamenco en premier lieu.
Toute Espagnole qui se respecte aurait dans son placard une de ces grandes
robes à volants, rouge de préférence. Un Français qui glisserait le bout de son
nez parmi les cintres de Barcelonaises, Madrilènes, Pampelunaises ou
Salamanquaises serait sans doute déçu. Il faut descendre jusqu’en Andalousie
pour entendre battre le coeur du flamenco : hors de ses frontières, cette danse
existe surtout pour les touristes.
Le flamenco est un genre musical et
une danse, créé par le peuple andalou, sur la base d’un folklore populaire issu
des diverses cultures qui s’épanouirent au long des siècles en Andalousie.
Le Flamenco est issu d’une tradition
vivante qui remonte à la plus haute antiquité. Il s’organise autour de 3 axes :
Le chant (cante); La danse (baile); et la guitare (toques) Le Flamenco n’a pas
un genre unique, il existe des centaines de genres de morceaux différents.
Chacun d’entre eux possède une
atmosphère propre et beaucoup sont des variantes régionales d’Espagne. Bien que
largement ouverts à la composition personnelle, les genres du Flamenco sont
gouvernés par des règles aussi strictes que celle de la composition classique.
Cet art du peuple est modelé par la joie, la souffrance. Le Flamenco est
constamment influencé et modifié par le contexte social dans lequel il trouve
ses racines.
Ce sont les gitans andalous qui ont
créé le genre musical flamenco. C’est en Andalousie se sont installés les
gitans qui ont le plus voyagé ; et, durant leur périple, ce peuple farouche a
puisé dans tous les chants sacrés qu’il put entendre et chanter à son tour pour
endurer sa peine.
C’est donc en Andalousie qu’est né
le flamenco. Dès le début du XIXe siècle, il apparut dans les tavernes. Ce
chant libre était la fierté, l’expression des pauvres.
Lentement, le flamenco gagna ses
lettres de noblesse et imposa sa violence triste et son ardente mélancolie.
La réhabilitation et, en quelque
sorte, la popularisation passèrent par le biais des élites en pleine ferveur
romantique, qui trouvèrent dans ce chant une mélancolie, un spleen opportun.
LES
ORIGINES DU FLAMENCO
Les origines du Flamenco sont très
floues et brumeuses. Même l’origine du mot Flamenco demeurent inconnues.
Certaines sources affirment que le mot viendrait de la corruption de « Felag
mengu » (Paysan fugitif en langue arabe) qui s’appliquerait aux gitans après
leur proscription à la suite de l’expulsion des Maures hors d’Espagne.
D’autres théories se basent sur le
sens littérale du mot Flamenco (Flamand) et émettent une relation avec les
serviteurs venus des Flandres faisant partie de la suite du couronnement de
Charles Quint au 16eme siècle. Cet homme victime de ressentiment, on suggère
que Flamenco devint un terme générale d’insulte appliqué ensuite aux gitans.
Mais en fait, personne n’est réellement certain de quoi que ce soit.
Des influences culturelles très
variées, présentes en Espagne, ont laissé leur empreinte sur le Flamenco. En
711, les Maures conquirent « l’Al Andalus » et maintinrent leur domination
jusqu’a leur expulsion finale de Grenade par le roi Ferdinand et la reine
Isabelle en 1492.
Ainsi, durant ces siècles, les
envahisseurs Islamiques ne détruisirent pas : ils assimilèrent. Les nations
conquises eurent le droit de conserver leurs religions personnelles.
L’Espagne en tira un bénéfice
musicale immense, et l’on peut encore entendre dans le Flamenco l’influence
arabe (techniques enharmoniques, utilisant des intervalles plus petits que le
demi-ton.)
LES
GITANS ET LE FLAMENCO
Pendant la période de domination
Islamique en Espagne (711-1492), les gitans, originaires d’Inde, atteignirent
l’Espagne et récurent l’autorisation d’y rester. Après le départ des
Islamiques, la tolérance culturelle pratiquées par les Maures n’a pas survécu à
leur départ. Ainsi en 1499, les premières lois contres les gitans apparurent,
le nomadisme fut déclaré hors la loi.
Les gitans abandonnèrent les villes
et se réfugièrent dans les collines et les grottes. Leur isolement par rapport
à la société les isolèrent dans un développement artistique séparé.
Le Flamenco fut finalement crée par
la fusion du Cante Gitano avec la musique traditionnelle andalouse.
C’est vers la fin du 18ème siècle
que l’attitude officielle à l’égard des Gitans commença à s’assouplir. Mais les
gitans restaient encore très discrets sur leur musique, qui se pratiquait en
privé, en cercle fermé, sans que les étrangers ne puissent l’entendre.
L’EVOLUTION
DU FLAMENCO
C’est seulement dans la deuxième
partie du 19ème siècles que le Flamenco se démocratisa et devint un art
présenté au public. C’est l’avènement des Cafés cantantes (bar-concerts de
l’époque) qui à partir de 1842 enclencha ce phénomène d’expansion du Flamenco.
C’est aussi grâce à ces cafés
cantantes que l’on vit apparaitre des artistes avec des répertoires beaucoup
plus diversifiés. En effet, ces cafés cantantes servirent aussi à rapprocher
les traditions Andalouse (Malaguenas, Verdiales, Granadinas, Tarantas) et
gitane (Seguiriyas, Soleares, Martinetes, Bulerias, Tangos…) Le chanteur resta
le personnage principal, mais avec le temps le guitariste prit de plus en plus
d’importance. Le niveau générale de compétences s’améliora et les guitaristes
inventèrent de nouvelles techniques.
En 1910, la grande époque des cafés
cantantes était révolue, les gouts du public s’orientèrent vers un style de
voix plus raffiné. Ce fut l’époque de la présentation théâtrale du Flamenco, de
l »Opera Flamenco » et du « Flamenco Ballet ».
Après l’incursion du Flamenco dans
le théâtre et la popularité croissante des concerts de guitare classique, il
pouvait sembler inévitable que tôt ou tard la guitare Flamenco ferait ses début
en solo dans les salles de concerts. De nombreux musiciens étaient persuadés
que la guitare devait se limiter à un simple rôle d’accompagnement, ce qui
retarda cet événement.
LE
FLAMENCO AUJOURD’HUI
Dans les années 1950, on vit
réapparaitre un intérêt pour le véritable Flamenco. A l’étranger, l’intérêt
pour le Flamenco continue à grandir. Les concerts solos voient leur popularité
s’accroitre d’une façon étonnante. Les changements récents qui ont eu lieu dans
le monde du Flamenco sont encore trop proches pour que nous puissions en tirer
des conclusions.
On peut noter en réaction à ce
changement deux tendances : d’une part, on trouve les traditionalistes qui
gardent des styles biens établis. D’autre part, on trouve une école moderne,
formée d’artistes groupés qui adoptent de nouveaux éléments afin de moderniser
leur art sans en trahir l’essence ( certains sont inspirés du jazz et de la
musique latino-américaine ).
Certains signes montrent que le
Flamenco pourrait devenir un art international, sans toutefois perdre ses
racines espagnoles. Son expansion n’est pas finie.
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