Après la mort d’Al-Hussein ibn Ali, fils de Fatima Zahraa, fille du Prophète, lors de la bataille de Karbala ainsi que l’échec des révolutions dirigées par les Alawites, le calme est revenu dans les pays islamiques. Toutefois, au milieu du deuxième siècle de l’hégire, certains alawites, dirigés par Hussein bin Ali El Abed, petit-fils d’Al Hassan Ibn Ali bin Abi Talib, se révolteront à Médine. Cette révolution se déplacera à la Mecque après l’auto-proclamation de Hussein bin Ali El Abed en tant que calife.
Dès que cette nouvelle parvient au calife abbasside Al-Hâdî Mûsâ ibn al-Mahdî, ce dernier dépêche son armée pour l'éliminer de toute urgence avant que cette révolution s'installe dans d'autres régions. L'armée des Abbassides s’est alors déplacée à La Mecque pour affronter les rebelles le 8 Dhou al hijja 169, correspondant au 11 juin 786. L’affrontement, appelé «bataille de Fakh», se déroule près de la ville éponyme, située dans les environs de la Mecque, et se soldera par la défaite attendue des alawites. Plusieurs de leurs dirigeants seront tués en bataille, tandis que d’autres, à l’exemple d’Idris bin Abdallah bin Hassan bin Hassan bin Ali bin Abi Talib et son frère Yahya, ont survécu. Idris choisira par la suite de fuir l’empire abbasside et de se réfugier au Maroc, tandis que son frère optera pour l’Est.
Dans son livre «Histoire diplomatique du Maroc», Abdelhadi Tazi indique que l'Imam Idriss a pu trouver, avec «des pèlerins africains, un bateau traversant la mer Rouge vers la Nubie (région du nord du Soudan et de l’extrême sud de l'Égypte) puis vers l'Egypte, où il recevait l'aide de ceux qui sympathisaient avec Ahl al-Bayt, ce qui lui permettait de se diriger vers la Cyrénaïque, puis Kairouan et Tlemcen avant d’arriver à Tanger, qui était alors la base du pays du Maghreb». L’historien précise qu’Idriss passera deux ans à Tanger, de «170 à 172» où il rencontrera «son épouse d'origine gothique».
Mais lorsqu’il apprendra que son frère l'Imam Yahya, a été trahi par les Abbassides alors qu’il avait reçu l'assurance de Hâroun ar-Rachîd à vie, l’Imam Idris décide d’adresser des lettres à toutes les régions du Maroc pour les informer de son affiliation et sa venue.
Ash-Shamakh, l’assassin de Hâroun ar-Rachîd
De son côté, Abou Al Hassane El Ouazzan affirme, dans son livre «Description de l’Afrique», que Moulay Idriss «est arrivé en Mauritanie (Tanger), où il a été reçu en grande pompe». «Il y obtient pouvoir politique et spirituel» ainsi que le soutien du prince des Awerba, l'une des plus grandes tribus amazighes, raconte-t-il.
Vendredi 4 Ramadan 172 de l'Hégire, correspondant au 6 février 789, Moulay Idriss est proclamé gouverneur du Maroc. «Le premier roi de la dynastie idrisside a ainsi été nommé» et bientôt, son État se développera considérablement.
Selon le livre «Al Istiqsa li-Akhbar al-Maghrib al-Aqsa» d’Abu al-Abbas Ahmad ibn Khalid Nasiri, les échos de la création de la dynastie idrisside au Maroc et de sa montée en puissance arrivaient au calife abbasside Hâroun ar-Rachîd. «Inquiété, il se confia à son ministre Yahya bin Khalid» qui le rassure et lui promet de s’en occuper.
Les deux décident alors de se débarrasser d'Idris Ier. Ils choisiront, selon «Al istiqsa», un certain Souleiman ibn Jarir alias Ash-Shamakh pour le tuer, et lui fournissent de l’argent pour couvrir ses besoins de voyage. Ash-Shamakh arrivera au Maroc, se faisant passer pour un réfugié, «fuyant les abbassides et soutenant l’appel alawite». Moulay Idriss l’accueille et le considère comme un proche.
L’émissaire de Hâroun ar-Rachîd était connu pour ses connaissances en «littérature et en rhétorique». «A chaque fois qu'il était assis avec l'Imam Idriss, les dignitaires amazighs et les chefs de tribus, il ne tarissait pas d’éloge sur Ahl Al Bayt, évoquant leurs vertus et leurs grandes bénédictions et reconnaissant ainsi le droit à l’imamat d’Idriss 1er», poursuit-on. Ash-Shamakh gagne ainsi la confiance de Moulay Idriss, au point que les deux hommes deviendront proches.
Moulay Idriss est mort, vive Moulay Idriss !
Mais le fondateur de la dynastie idrisside avait un autre homme de confiance, Rached, qui assurait sa protection et ne le quittait que rarement car il savait qu’Idriss Ier avait «de nombreux ennemis». L’émissaire de la dynastie abbasside profitera ainsi de l’absence de Rashed pour exécuter son plan.
Ash-Shamakh se rend alors, ce jour-là, dans la demeure de Moulay Idriss, lui chante des louanges avant de lui présenter une fiole de parfum. Il lui assure qu’il l’aurait prise et qu’il estime qu’elle est digne d’un imam vu sa qualité. Idris Ier le remercie pour son cadeau, attrape la fiole et l’ouvre pour sentir le parfum. Il s’agissait d’un parfum empoisonné, car le fondateur de l’Etat idrisside s’évanouit dès que le poison atteint ses poumons, raconte-t-on dans «Al Istiqsa».
Son assassin prend alors ses jambes à son cou, pour son lieu de résidence où il avait préparé un cheval pour s’évader du Maroc. L’absence de Moulay Idriss ravivera toutefois les soupçons des Amazighs avant qu’ils ne le découvrent mort empoisonné.
La tombe de Moulay Idriss.
Mais malgré la mort de Moulay Idriss, tous les Marocains étaient d’accord pour que la dynastie des Idrisides se poursuive. Kenza des Awerba, femme d’Idriss Ier était enceinte lorsque son mari fut assassiné. Elle donnera naissance, le 3 Rajab 177 de l’hégire, correspondant au 14 octobre 783, à un garçon nommé Idriss comme son père.
Idriss II avait un peu plus de 10 ans lorsque les Amazighs le portèrent sur l’estrade à Volubilis, le même sur lequel ils avaient prêté serment à son père pour lui renouveler l’allégeance. C’était le 1er Rabii Al Aoual 186 de l’hégire, correspondant au 10 mars 802.
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