La gale est une maladie qui peut toucher des personnes de tous
les âges et de tous les milieux socio-économiques. L'attraper ne signifie donc
pas un manque d'hygiène et il n'y a aucune raison d'en avoir honte. Très
contagieuse, il faut au contraire consulter au plus vite son médecin pour
éviter de contaminer ses proches. Une fois le diagnostic posé, son traitement
se fait en 48 heures.
La gale est une maladie
fréquente
L'incidence de
la gale est mal connue mais elle est
très probablement élevée. Bien qu'ubiquitaire et pouvant toucher n'importe qui
à n'importe quelle période de l'année, il existe un certain nombre de facteurs
favorisant sa transmission : les contacts physiques à répétition (d'où sa
fréquence plus importante chez l'enfant), un état de précarité, les
collectivités (crèches, écoles, établissements de soins, maisons de retraite…),
avec des pics en automne et en hiver.
La forme la plus fréquente est de loin la gale commune.
Il existe deux autres formes de gale, heureusement beaucoup moins fréquentes
mais plus contagieuses et potentiellement graves : la gale profuse et la
gale hyperkératosique. Ces formes sont observées notamment chez les
personnes âgées, en particulier grabataires, en cas de rechutes ou de
complications provoquées par l'utilisation de corticoïdes ou encore chez des
personnes ayant leur système immunitaire fragilisé.
La transmission de la
gale
La
gale est une parasitose cutanée provoquée par la colonisation au niveau de la
peau d'un acarien spécifique à l'homme, Sarcoptes scabei hominis. De ce
fait, la contamination, dans la vaste majorité des cas, se fait strictement
d'homme à homme, même s'il existe des cas exceptionnels de transmission
accidentelle de gales animales.
|
Ces petites bêtes qui peuvent vous pourrir la vie, sont
susceptibles pour certaines de transmettre
des maladies infectieuses. Ici, un sarcopte ("Sarcoptes scabiei")
vu au microscope électronique à balayage.
La femelle de cet acarien parasite creuse des galeries
dans l'épiderme et provoque la gale. Les signaux laissent
penser que cette parasitose est en recrudescence dans certains pays. |
La
transmission se fait essentiellement par contact direct, le plus souvent étroit
et prolongé, raison pour laquelle la gale est aussi considérée comme une IST ( infection sexuellement
transmissible) dans les cas de
contamination par relation sexuelle.
Plus
rarement, la contamination peut être indirecte, par contact avec du linge, la
literie, du mobilier recouvert de tissu et parfois par contact avec des animaux
domestiques qui ont été à leur tour en contact avec des personnes ayant la
gale. Dans ces derniers cas, l'animal est seulement un réservoir, au même titre
que la literie ou le linge. Cela s'explique par le fait que le sarcopte peut
survivre jusqu'à 3 jours en dehors de son hôte humain si les conditions sont
favorables (atmosphère sèche, 25°C).
Incubation de la gale
Les
femelles adultes fécondées du sarcopte sont les responsables de la maladie :
une fois sous la peau de l'hôte, elles s'accouplent aux mâles, qui meurent,
tandis que les femelles fécondées pondent des œufs sous la couche cornée de la
peau tout en se déplaçant de 1 à 2
cm par jour en creusant des sillons. Après éclosion, les
larves libérées par les œufs se transforment en sarcoptes adultes. On retrouve
entre 5 et 15 sarcoptes adultes dans les sillons. Ce processus explique que la
période d'incubation silencieuse de la gale est longue, de quatre semaines en
moyenne, voire jusqu'à six semaines.
Les symptômes de la gale
Le
diagnostic de gale commune est avant tout clinique, car l'identification
du parasite n'est pas constante dans les prélèvements parasitologiques des
lésions (résultats "faux négatifs" possibles).
Le signe initial de la gale commune est le prurit ( démangeaisons) très
intense et extrêmement gênant, plus particulièrement en soirée et pendant la
nuit.
Les
lésions typiques au niveau de la peau sont les sillons qui ont un aspect
de petites surélévations rouges et
longilignes de quelques millimètres. Mais
elles ne sont pas toujours présentes. Les autres lésions sont des petites
vésicules translucides à la base rouge, surtout au début de la maladie, et le
nodule scabieux qui a un aspect de bouton rouge brunâtre. D'autres lésions sont
plutôt liées à des réactions de la peau ou au grattage (urticaire, eczéma,
lésions striées de grattage, voire un impétigo). Les lésions siègent volontiers
au niveau des plis : entre les doigts des mains, face antérieure des poignets,
des coudes, des aisselles et aux fesses, ainsi qu'autour des aréoles mammaires
chez la femme et des génitaux chez l'homme. D'autres localisations sont
beaucoup moins fréquentes chez l'adulte, sauf dans les formes profuses. Chez le
nourrisson et le petit enfant, des vésicules et/ou des pustules sont présentes
au niveau palmo-plantaire, avec également une localisation des vésicules au
niveau axillaire ou du visage et, très souvent, des lésions secondaires qui
dominent le tableau ( eczéma,
urticaire,
impétigo…). L'enfant est très
irritable et mange mal.
Un
argument important chez l'enfant comme chez l'adulte est le caractère souvent
familial de la maladie.
Ces
caractéristiques cliniques expliquent pourquoi la gale a un retentissement
important sur la qualité de vie des patients. D'abord par le caractère
invalidant du prurit qui altère le sommeil et les activités quotidiennes. Au
niveau psychologique car la gale a une image de "maladie honteuse"
transmise par contact intime, ce qui oblige la personne atteinte à en informer
et à traiter son entourage proche (famille, partenaires sexuels).
Le traitement de la gale
contraignant mais nécessaire
La
gale ne guérit pas spontanément. Un traitement est donc nécessaire et a comme
objectifs d'éliminer le parasite et de prévenir sa transmission. Pour cette
raison, le traitement doit obligatoirement inclure la personne atteinte, les
membres de son entourage proche (même ceux apparemment indemnes) et
s'accompagner du traitement de l'environnement domestique (linge, literie,
canapés…). Pour être efficace, le traitement des personnes et de
l'environnement doit obligatoirement se faire de façon simultanée, le plutôt
possible.
Traitement
des personnes
Il
existe deux types de traitement : le traitement par voie locale et le
traitement par voie orale. Quel que soit le traitement prescrit par votre
médecin, respectez scrupuleusement ses indications.
Les
traitements locaux les plus utilisés en France sont :
Le benzoate de benzyle
( Ascabiol est présenté sous forme de lotion.
L'application se fait en badigeon à l'aide d'un pinceau plat sur tout le corps
(y compris les génitaux externes, ongles, paumes et plantes) sauf le visage et
le cuir chevelu. Le produit s'applique en deux couches successives à 10 minutes
d'intervalle après le bain ou la douche, ou encore en deux applications à 24
heures voire une semaine d'intervalle selon le niveau d'infestation. 24 heures
après l'application, le produit est rincé et les vêtements, linge et literie
changés. Chez le nourrisson et le petit enfant, une application unique de 6 à
12 heures est indiquée. Il n'y a pas de contre-indication à ce produit mais des
précautions que votre médecin vous expliquera, sont à prendre en cas de
grossesse.
L'esdépallétrine
associée au butoxyde de pipéronyle ( Sprégal se présente sous forme
d'aérosol, ce qui facilite sa pulvérisation sur tout le corps, en évitant le
cuir chevelu et le visage. En cas d'atteinte du visage, le produit peut
s'appliquer avec un coton imbibé du produit. Sa durée d'application est de 12
heures. Il est contre-indiqué chez les asthmatiques ainsi que chez les
nourrissons ou les enfants avec antécédents de bronchiolite. Il est conseillé d'éviter
ce produit en cas de grossesse. Une précaution supplémentaire : le produit est
inflammable. Evitez donc l'application près d'une flamme ou d'une source
incandescente comme la cigarette.
Le crotamiton (Eurax), moins efficace, est surtout utilisé pour
traiter les nodules scabieux et s'applique pendant 24 heures, deux jours de
suite.
Un
traitement par voie orale est disponible :
L'ivermectine ( Stromectol est un traitement oral à
l'efficacité prouvée en une prise unique avec un grand verre d'eau. Le prurit
disparaît au bout de quelques jours mais dans certains cas il peut persister
pendant quelques semaines sans que cela soit un signe de persistance de
l'infestation ou de rechute. Cependant, le taux de guérison après une seule
prise varie selon les études, raison pour laquelle une deuxième prise entre 7
et 14 jours après la première prise peut être proposée. En cas de doute
contactez votre médecin.
La simplicité
d'administration de ce médicament favorise l'observance du traitement, surtout
en collectivité, ce qui lui a valu d'avoir une indication en première
intention. Comme tout médicament, il n'est pas dépourvu d'effets secondaires
mais ils sont en général mineurs. En fonction de l'extension des lésions, il
peut être utilisé seul ou en association avec un traitement local. Votre
médecin est le seul à juger sur l'option thérapeutique la mieux adaptée à votre
cas. L'ivermectine est contre-indiquée chez l'enfant de moins de 15 kilos et en
cas d'allaitement. Son utilisation au cours du premier trimestre de la
grossesse est déconseillée.
Gale
: Traitement de l'environnement
Quel
que soit le traitement prescrit par votre médecin, votre environnement
domestique devra être traité en parallèle. L'apparition de la gale dans une
maison est l'occasion, rarement désirée, mais obligatoire, d'un grand ménage de
printemps.
Tout doit être désinfecté : la literie, les vêtements, le linge de toilette. Il
faut faire une grande lessive familiale. Les sous-vêtements et vêtements
lavables en contact direct avec la peau ainsi que la literie : draps, couettes,
oreiller, housse de matelas, seront passés à la machine à 60°. Un lavage
suffit.
Pour les objets non lavables, désinsectiser par poudre ou aérosol. 24 heures
suffisent en général pour éradiquer le parasite. C'est la durée de survie du
parasite hors contact humain.
Autres mesures
d'accompagnement
Il
est parfois nécessaire de traiter le prurit ou des lésions de la peau
associées. Votre médecin pourra ainsi vous prescrire des antihistaminiques pour
le prurit des antiseptiques ou antibiotiques en cas de surinfection, ou encore
d'autres médicaments pour traiter un eczéma ou urticaire. Les lésions de
grattage peuvent en revanche demander un traitement plus long. Dans tous les
cas, suivez bien ses indications et respectez les doses prescrites.