Le 5 mars 1953 marque la fin du terrible règne de Joseph Vissarionovitch Djougachvili, mieux connu sous le nom de Staline, « l’homme d’acier ». Considéré comme l’un des dictateurs les plus sanguinaires du XXe siècle, il dirigea l’URSS d’une main de fer à partir de la fin des années 1920. Son bilan est paradoxal : s’il laisse derrière lui un pays plus ou moins industrialisé et auréolé de sa victoire contre le nazisme, l’Union soviétique est également exsangue, marquée par des purges sanglantes, des famines orchestrées et un culte de la personnalité d’une ampleur inédite. Sa mort, entourée de circonstances troubles, déclenche une lutte de pouvoir féroce et s’accompagne d’un deuil national soigneusement mis en scène par la propagande soviétique et communiste à l’échelle mondiale.
- L’agonie de Staline, un décès suspect
- Le poids des morts sur la conscience de Staline
Quelques années plus tard, entre 1936 et 1938, la Grande Terreur s’abat sur l’URSS, plongeant le pays dans une paranoïa sanglante. Près de 700.000 personnes, accusées d’être des ennemis du peuple, sont exécutées sur ordre du régime. Hommes politiques, officiers de l’Armée rouge, intellectuels ou simples citoyens, nul n’est épargné. Ceux qui échappent à la mort immédiate ne sont pas pour autant sauvés : une multitude d’entre eux sont déportés dans le système concentrationnaire du goulag, un archipel de souffrances où des millions de prisonniers subissent le travail forcé, la faim et le froid, souvent jusqu’à l’agonie.
La Seconde Guerre mondiale, que Staline engage d’abord par un pacte cynique en 1939 avec Hitler, avant d’être pris de court par l’opération Barbarossa, accentue encore le martyre du peuple soviétique. L’absence de préparation, le manque criant d’officiers compétents, dont nombre ont été purgés et envoyés au goulag, ainsi que l’aveuglement idéologique du régime coûtent indirectement la vie à près de 26,6 millions de soldats et civils soviétiques. Sur le front, les soldats sont jetés dans des combats suicidaires, pris entre les balles allemandes et la menace des commissaires politiques, prêts à exécuter quiconque recule.
Cependant, le total exact des victimes directes du stalinisme est difficile à établir, mais les historiens estiment qu’il dépasse bien les 20 millions de morts, sans compter les dizaines de millions d’autres malheureux qui ont subi l’oppression et la misère. Ce bilan sinistre place ainsi Staline aux côtés de Mao Tsé-toung et Adolf Hitler parmi les criminels les plus meurtriers du XXe siècle.
- Le deuil et la propagande mondiale
En France, le journal communiste L’Humanité publie une première de couverture dithyrambique, le 6 mars 1953 : « Deuil pour tous les peuples qui expriment dans le recueillement leur immense amour pour le grand Staline ». Se poursuit, ensuite, une liste de discours, plus larmoyants les uns que les autres, comme celui du secrétaire général du PCF, Jacques Duclos, louant Staline, l’homme du pacte germano-soviétique de 1939, comme « le plus grand défenseur de la paix » et le décrivant comme « le plus grand homme de ce temps ». Ainsi, à lire L’Humanité, on pouvait croire, si le communisme était une religion, que le monde socialiste et ouvrier pleurait la disparition de leur dieu de gloire, mort drapé du rouge du socialisme. Il s’agissait plutôt de la pourpre du sang de ses innombrables victimes.
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