La vie des migrants russes installés, après la déportation des allemands, dans « l’enclave de Kaliningrad » en Prusse orientale et leurs efforts pour s’y intégrer forment le sujet de son premier livre La Fiancée prussienne, paru en 1998 et depuis traduit en anglais, en français (La Fiancée prussienne, Gallimard, 2005, traduction Sophie Benech), en estonien, polonais, hongrois, etc.
Son roman Le Train zéro, d'abord paru en France (Gallimard, 1998) et en Grande-Bretagne, n’a été publié en Russie que plus tard. C’est, sous la forme d’une parabole, la peinture violente d’une société déformée et dégradée par le totalitarisme, impuissante à réagir.
Iouri Bouïda est aussi l'auteur de Yermo (1996), Le troisième cœur (2008, traduction française sous le titre Potemkine ou le troisième coeur 2012), Le Sang bleu (2011). Son art novateur, qui associe le familier et l’incongru, culmine dans la forme brève (en français : « Épître à madame ma Main Gauche », traduction Sophie Benech, publié chez Interférences, Paris, 2010).
Ses livres ont été traduits et publiés en France, en Angleterre, en Pologne, en Estonie, en Norvège, en Hongrie, en Slovaquie, en Turquie. Bouïda est lauréat du prix Apollon Grigoriev (1998), des prix des revues «Znamia» (1995, 1996, 2011) et «Oktiabr'» (1992), et du Grand Prix du livre pour son roman Le sang bleu (2011).
SES OEUVRES & ÉVÉNEMENTS :
- POTEMKINE OU LE TROISIÈME COEUR
- Éditeur : Gallimard (Editions)
- Parution : 12 janvier 2012
Quelques années après la fin de la Première Guerre mondiale, des dizaines de milliers de Russes ayant fui la révolution bolchévique sont installés en France. Fiodor Zavalichine, aussi appelé Théo, en fait partie, mais contrairement à beaucoup de ses compatriotes il a plutôt réussi son intégration, et son travail de photographe lui permet de vivre correctement. Sa vie se déroule sans accrocs jusqu'au jour où il se rend dans une salle de cinéma parisienne pour assister à une projection du chef-d'oeuvre d'Eisenstein, Le Cuirassé Potemkine. Nous sommes en novembre 1926, et quand il découvre sur grand écran la reconstitution impressionnante de ce massacre dans le port d'Odessa, sa vie bascule. Car en 1905, il avait pris part en tant que militaire à la répression de la mutinerie au sein de la flotte russe, sans avoir conscience de la gravité des faits. Maintenant, en voyant les images de ce film mythique, il est soudainement convaincu d'avoir participé à un crime
Il se précipite au commissariat le plus proche pour faire des aveux - dont la police française ne sait que faire - puis essaie de soigner ses remords et sa culpabilité dans un hôpital psychiatrique. C'est là qu'il apprend dans les journaux le récit d'un horrible fait divers : sept femmes sont retrouvées égorgées dans une fosse commune à Deauville. Il attribue sans hésitation ce massacre à son ancien compagnon d'armes et grand mutilé, Ivan Domani, pour qui il avait justement accepté de faire des photos érotiques de sept jeunes créatures. Débute alors pour Théo un long périple chaotique, entre violence et rédemption, qui mettra notamment une jeune fille appelée Mado sur sa route
Potemkine ou Le troisième coeur est un livre stupéfiant, qui nous confirme plus que jamais que Iouri Bouïda occupe une place de choix dans la grande tradition littéraire russe. Traduit du russe par Sophie Benech.
- LE TRAIN ZÉRO
- Éditeur : Gallimard (Editions)
- Parution : 12 janvier 2012
Une gare perdue au fin fond de la Russie, dans la boue, le froid, les relents de chou et de vodka. Et toutes les nuits, un train qui passe
Nul ne sait d'où il vient, où il va, ni ce qu'il transporte. Dans ce no man's land isolé du reste du monde vivent des gens qui aiment, espèrent, tuent et meurent, empoisonnés par l'attente d'une réponse qui ne vient jamais, par un mystère qu'il leur est interdit de chercher à connaître sous peine de mort. Il est difficile de qualifier ce récit court et puissant: trop cru, trop réaliste pour être une simple parabole, c'est pourtant du destin de la Russie et du destin de l'homme qu'il nous parle. Tout en plongeant le lecteur dans un monde concret de terre, de fer, d'odeurs, de bruits, de chair et de sang, il relève de la même veine mythique que Le Désert des Tartares et débouche insensiblement sur une dimension tragique qui nous dépasse. Traduit du russe par Sophie Benech.
- LA MOUETTE AU SANG BLEU
- Éditeur : Gallimard (Editions)
Ida Zmoïro avait connu la gloire très jeune, dès sa première apparition au cinéma. La Seconde Guerre mondiale sévissait alors et les soldats soviétiques avaient été bouleversés par cette beauté juvénile portée à l'écran. Des sacs entiers de lettres d'amour lui parvenaient depuis le front, elle était la plus grande comédienne que l'Union soviétique connaîtrait. Mais en 1943, alors qu'Ida est en route vers un tournage, un terrible accident de voiture met brusquement fin à sa carrière : la splendide actrice est défigurée.
Si elle remonte sur scène pour jouer La Mouette de Tchékhov, elle s'exile bientôt en Angleterre où elle passera plusieurs années avant de revenir en Union soviétique grâce à l'intervention de Staline, qui lui interdira pourtant de rentrer à Moscou ; elle finira par s'installer dans la petite ville de Tchoudov. Il est trois heures du matin lorsque Ida Zmoïro, à présent âgée de quatre-vingt-cinq ans, se traîne jusqu'au commissariat avant de s'effondrer.
Sa mort inexpliquée intervient quelques jours seulement après la disparition de plusieurs «colombes», ces jeunes filles qui suivent les cortèges funèbres, un oiseau au creux des mains. Ida les connaissait bien, elle leur enseignait la danse, leur apprenait à se coiffer, à s'habiller et à se maquiller. Mais qui pourrait s'en prendre aux «colombes» et à la belle actrice au sang bleu ? Ce sang bleu et froid qui est la marque des plus grandes, ce sang bleu «qui oblige l'artiste à considérer son ouvrage d'un oeil critique, à supprimer le superflu et à rajouter l'indispensable».
A travers cette enquête, Iouri Bouïda nous livre un récit foisonnant de destins violents, parfois déchirants, qui s'entrecroisent autour de la tragédienne au visage balafré. La mouette au sang bleu est un roman sombre et puissant, un texte construit avec maîtrise dans la grande tradition romanesque russe.
Si elle remonte sur scène pour jouer La Mouette de Tchékhov, elle s'exile bientôt en Angleterre où elle passera plusieurs années avant de revenir en Union soviétique grâce à l'intervention de Staline, qui lui interdira pourtant de rentrer à Moscou ; elle finira par s'installer dans la petite ville de Tchoudov. Il est trois heures du matin lorsque Ida Zmoïro, à présent âgée de quatre-vingt-cinq ans, se traîne jusqu'au commissariat avant de s'effondrer.
Sa mort inexpliquée intervient quelques jours seulement après la disparition de plusieurs «colombes», ces jeunes filles qui suivent les cortèges funèbres, un oiseau au creux des mains. Ida les connaissait bien, elle leur enseignait la danse, leur apprenait à se coiffer, à s'habiller et à se maquiller. Mais qui pourrait s'en prendre aux «colombes» et à la belle actrice au sang bleu ? Ce sang bleu et froid qui est la marque des plus grandes, ce sang bleu «qui oblige l'artiste à considérer son ouvrage d'un oeil critique, à supprimer le superflu et à rajouter l'indispensable».
A travers cette enquête, Iouri Bouïda nous livre un récit foisonnant de destins violents, parfois déchirants, qui s'entrecroisent autour de la tragédienne au visage balafré. La mouette au sang bleu est un roman sombre et puissant, un texte construit avec maîtrise dans la grande tradition romanesque russe.
- VOLEUR, ESPION, ASSASSIN
- Éditeur : Gallimard
- Parution : 08 mars 2018
"Dans la vie, il n'y a pas de tragédies, il y a soit de l'amour, soit le vide. Et pour comprendre la vie des autres, il faut avoir vécu la sienne". Narrateur dans la plus belle tradition russe, intellectuel averti et fin connaisseur des vicissitudes soviétiques, Iouri Bouïda nous livre avec Voleur, espion et assassin une autobiographie d'envergure. De son enfance d'après-guerre dans la région de Kaliningrad jusqu'aux premiers bouleversements de la perestroïka, Bouïda n'évoque jamais la violence et la désolation du quotidien sans recours au burlesque : des toilettes gelées, de l'érotisme au milieu de ruines teutoniques et des discours que plus personne n'écoute.
Puisque la plupart des autres préfèrent la vodka, notre héros monte rapidement l'échelle sociale. Il devient membre du Parti communiste, rédacteur en chef d'un quotidien au fin fond de la campagne, puis chargé de la communication au comité régional du Parti. C'est l'écriture qui va le sauver, même s'il doit s'y reprendre à plusieurs fois avant de saisir ce que sa grand-mère lui disait avant sa mort : "La liberté, c'est toi.
Seulement, n'oublie jamais que la prison aussi, c'est toi". Né après la mort de Staline, marqué par un système politique et social en déclin, Bouïda dresse le portrait d'une société aussi défaillante que débrouillarde, aussi cruelle que capable de tendresse. Voleur, espion et assassin nous parle du courage individuel, de l'intégrité malgré tout, et d'une joie de vivre indéfectible.
Puisque la plupart des autres préfèrent la vodka, notre héros monte rapidement l'échelle sociale. Il devient membre du Parti communiste, rédacteur en chef d'un quotidien au fin fond de la campagne, puis chargé de la communication au comité régional du Parti. C'est l'écriture qui va le sauver, même s'il doit s'y reprendre à plusieurs fois avant de saisir ce que sa grand-mère lui disait avant sa mort : "La liberté, c'est toi.
Seulement, n'oublie jamais que la prison aussi, c'est toi". Né après la mort de Staline, marqué par un système politique et social en déclin, Bouïda dresse le portrait d'une société aussi défaillante que débrouillarde, aussi cruelle que capable de tendresse. Voleur, espion et assassin nous parle du courage individuel, de l'intégrité malgré tout, et d'une joie de vivre indéfectible.
- YERMO
- Éditeur : Gallimard
- Parution : 27 février 2002
La vie de l'écrivain américain George Yermo forme une extraordinaire matière romanesque. Né Guéorgui Yermo-Nicolaïev, en 1914, à Saint-Pétersbourg dans une famille de la grande aristocratie russe, il est élevé à New Salem en Nouvelle-Angleterre, sous le signe de Melville, d'Emily Dickinson et d'Henry James, tous originaires de cette région encore empreinte des valeurs puritaines des fondateurs des Etats-Unis. Après de brillantes études, une déception amoureuse le pousse à devenir correspondant pendant la guerre d'Espagne. Puis, au début des années cinquante, c'est la visite du palazzo de la famille Sanseverino à Venise qui changera le cours de son existence. ‘Yermo’ est une vaste réflexion sur la création, et un très bel hommage à Nabokov.
- LA FIANCÉE PRUSSIENNE
- Éditeur : Gallimard
- Parution : 06 janvier 2005
Les nouvelles de Iouri Bouïda rassemblées ici explorent toutes ce territoire situé entre la Vistule et le Niémen qui fut autrefois la Prusse orientale. Le mythe d'un passé glorieux a laissé des traces dans la région de Kaliningrad, l'ancienne Königsberg, mais le quotidien de ses habitants est froid, noir et violent. La misère matérielle et affective est partout, et la violence n'est pas seulement physique. Le ton du présent recueil, dédié à la mémoire d'un territoire, est donc résolument tragique. Mais ces trente nouvelles - traversées par plusieurs personnages récurrents et que l'on peut donc lire comme un roman - nous font également penser au romantisme de E.T.A. Hoffmann, la démesure russe en plus.
CHRONIQUES & ANECDOTES, Salon du livre
- ‘La fiancée prussienne’ était l’un des romans mis à l’honneur lors du 25e Salon du livre de Paris en mars 2005.