Les effets toxiques de l’aluminium portent essentiellement sur le système nerveux central (encéphalopathies, troubles psychomoteurs) et sur le tissu osseux.
Chez les travailleurs exposés, la toxicité de l’aluminium se manifeste principalement par des atteintes du système respiratoire, principalement asthme ou symptômes asthmatiformes, bronchite, bronchite chronique et perturbations de la fonction ventilatoire.
Des études sur les atteintes du système nerveux central, ont tenté d’identifier une relation causale entre l’aluminium et la maladie d’Alzheimer. Cette relation n’a pas pu être mise en évidence en l’état actuel des connaissances scientifiques, même si certaines études suggèrent la possibilité d’un facteur ou contaminant associé à la fois aux eaux riches en aluminium et à la maladie d’Alzheimer (InVS, 2003).
Aluminium et risque de cancer
En 1987, le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC) a classé le processus de production d’aluminium comme processus cancérigène certain (groupe 1) pour l’homme (CIRC, 1987), compte tenu des éléments épidémiologiques en faveur d’un risque accru de cancer du poumon et de la vessie chez les travailleurs de l’aluminium. Il était alors signalé qu’un possible agent causal était la fumée de brai. En 1997, l’OMS concluait qu’en l’état actuel des connaissances, on ne pouvait considérer l’aluminium comme un toxique cancérigène (OMS IPCS (International Programme on Chemical safety), 1997). Les études épidémiologiques récentes n’apportent pas d’argument complémentaire en faveur du rôle propre de l’aluminium dans la survenue de cancers chez les travailleurs exposés.
Plus récemment, la publication d’études établissant un lien entre l’utilisation des anti-transpirants et l’augmentation de l’incidence des cancers du sein (Darbre, 2003 ; Harvey et Darbre, 2004), a suscité de nombreuses controverses scientifiques. En faveur de cette hypothèse, ont été évoqués l’âge précoce d’apparition des cancers chez les utilisateurs d’anti-transpirants, la localisation de ces cancers (proche du site d’application des anti-transpirants), l’action œstrogénique de l’aluminium étudiée in vitro sur des lignées de cellules tumorales mammaires, et la progression concomitante des ventes d’anti-transpirants et de l’incidence des cancers du sein (McGrath, 2003 ; Darbre, 2005; McGrath, 2009). Une revue de la littérature publiée en 2008 (Namer et al., Bull cancer 2008) concernant le lien entre l’utilisation de déodorants et d’anti-transpirants et l’augmentation du risque de cancer du sein a conclu en une absence de corrélation. Pour certains auteurs, la nature tissulaire du quadrant supéro-latéral du sein, plus dense que les autres zones, pourrait expliquer une plus forte incidence de lésions pré-cancéreuses et cancéreuses dans ce quadrant comparé aux autres (Lee, 2005).
Des cancers reconnus comme maladies professionnelles
Les affections professionnelles consécutives à l’inhalation d’aluminium, font l’objet du tableau 16 bis des maladies professionnelles du régime général. Ce tableau concerne les affections cancéreuses provoquées par les goudrons de houille, les huiles de houille, les brais de houille et les suies de combustion du charbon. Le cancer bronchopulmonaire primitif est ainsi présumé d’origine professionnelle, de même que les tumeurs primitives de l'épithélium urinaire, sous réserve que la victime ait été exposée à l’aluminium pendant dix ans au moins.
Cadre réglementaire sur l’aluminium
Aucune limite n’a été fixée concernant la teneur maximale d’aluminium dans les aliments au vu du faible taux d’aluminium présent naturellement dans ceux-ci. L’aluminium peut être utilisé comme additif alimentaire (colorant, antiagglomérant, etc.) et dans les matériaux au contact des denrées alimentaires.
Cependant, un certain nombre de travaux sont réalisés par les comités d’experts américains en terme d’additifs alimentaires (le JEFCA) et européen au sein de l’EFSA afin d’établir des recommandations.
Les doses tolérables, fixées par les organismes de sécurité alimentaire, sont calculées sur la base de données toxicologiques obtenues chez l’animal corrigées d’un facteur d’incertitude prenant en compte les différences intra- et inter-espèces pouvant exister.
Ainsi, après avoir fixé une Dose Journalière Admissible temporaire de 0.6 mg/kg pc/jour en 1987 pour tous les additifs alimentaires à base d’aluminium, l’OMS a défini en 1989 une dose hebdomadaire tolérable provisoire (DHTP) de 7 mg/kg pc basée sur l’absence d’effet d’une exposition chronique à l’aluminium chez le chien.
Par la suite, des études ont montré des effets de l’aluminium sur le système reproducteur et le développement du système nerveux à une dose inférieure à 7mg, obligeant le comité d’experts sur les additifs alimentaires à réévaluer les doses tolérables. Ainsi, basée sur cette étude et sur le manque d’étude sur les effets à long terme (ajoutant un facteur correctif supplémentaire), une DHTP de 1mg/kg a été définie par le JECFA et validée par l’EFSA en 2008.
Enfin, une DHTP de 2mg/kg a été adoptée par le JEFCA en 2011 suite à une étude sur le long terme montrant une absence d’effet de l’aluminium en administration chronique (Poirier et al., Neurosciences 2011), permettant d’éliminer le facteur correctif supplémentaire ayant abouti à la dose de 1mg/kg.
Ces doses hebdomadaires de 2mg/kg établie par le JEFCA et de 1mg/kg établie par l’EFSA sont actuellement toujours en vigueur.
Valeurs de référence dans l'eau de boisson
Concernant l'eau de distribution, la référence de qualité est fixée à 200 µg/L par le code de la santé publique.
Cette position reprend les recommandations de l’OMS établies en 1994, 1998 et 2004 dans ses directives pour les eaux de boisson : l'OMS précise que compte tenu de "l'utilité limitée des données provenant de modèles animaux et de l'incertitude entourant les données recueillies chez l'Homme, il n'est pas possible actuellement d'établir une valeur guide fondée sur des critères de santé".
En 2004, considérant d'une part les effets bénéfiques liés à l'utilisation des sels d'aluminium comme réactif chimique lors de l'étape de coagulation et, d'autre part, les effets potentiels de l'aluminium sur la santé, l'OMS fixe une limite pratique fondée sur l'optimisation du procédé de coagulation à l'aide de dérivés de l'aluminium de façon à réduire au minimum la concentration dans l'eau traitée (OMS, 2004).
Circulaire DGS/SD7 A n° 2001-190 du 12 avril 2001 relative aux teneurs en aluminium dans les eaux destinées à la consommation humaine
En milieu professionnel (industrie de l'aluminium)
La valeur limite moyenne d’exposition (VME) est de 5 mg/m3 (poussières inhalables) et 10 mg/m3 (poussières totales).