Les chikhates sont des chanteuses et danseuses populaires marocaines, qui pratiquent l’art de la « aïta », sorte de complainte, de blues, en arabe dialectal marocain, ou bien qui chantent du « chaâbi », musique plus festive. Elles ont un rôle d’animation des fêtes, par leur savoir-faire musical et poétique.
Elles sont à la fois célèbres et très décriées, car elles sont jugées comme des femmes vulgaires, dans un jugement à la fois sexiste et classiste. Il leur est reproché d’avoir des mœurs dissolues, de se livrer en spectacle publiquement, notamment lorsqu’elles dansent. La réputation de femmes légères, traînant en compagnie des hommes une fois le spectacle fini, leur colle à la peau. Le fait de les associer à la prostitution, et de les blâmer pour cela, s’inscrit dans une logique patriarcale : ces femmes sont indépendantes, libres, gagnent leur vie, et cela grâce à l’usage de leur corps, par la voix et la danse… et cela dérange! On dit des chikhates qu’elles sont des prostituées douées de cordes vocales et de hanches.
On leur reproche aussi le caractère grossier, « aârobi » (campagnard) de leur art.
Fatna Bent Lhoussine, est une chikha très connue. Orpheline, elle s’est enfuie de chez sa grande soeur chez qui elle vivait enfant, qui la maltraitait, et lui interdisait de se livrer à sa passion, qu’elle voyait comme une dépravation. Fatna Bent Lhoussine était une femme libre et une grande artiste, comme l’illustre cette sublime vidéo :
Un film documentaire est sorti sur elle après sa mort en 2005.
Hajja Hamdaouia est une autre chikha traditionnelle.
Un documentaire en arabe dialectal marocain, sur les chikhates, et l’évolution du métier, « Le blues des chikhates », réalisé par Ali Essafi est sorti en 2004.
Trois parcours de femmes pionnières à leur manière, trois artistes conscientes d’être les derniers Mohicans : des chikhates formées à l’ancienne.
Ainsi, Ali Essafi, réalisateur d’origine berkanie, donne la parole à Aïda, Aïcha et Hafida, trois chikhates de Safi qui s’attardent avec nostalgie sur l’âge d’or de la aïta et évoquent à mots feutrés leur présent moins rose. Aïda, seule dans sa modeste échoppe, ou le regard humide en coulisses (pendant que Hafida et Aïcha se produisent sur scène) raconte sa formation de chikha dans les années 50, ses tournées d’artistes et la réprobation de ses frères quand elle a choisi ce métier décrié. Loin des feux de la rampe désormais, Aïda a tourné la page pour toujours. Elle n’a plus que ses souvenirs d’artistes et celui de chioukhs chers à son cœur, aujourd’hui disparus. L’époque n’accordant plus aucun respect au « métier », Aïda déconseille d’ailleurs à sa fille adoptive d’embrasser la profession. « Quand elles ont vu le film pour la première fois, Aïda, Aïcha et Hafida attendaient avec appréhension de voir quel regard porteraient les autres sur elles » souligne à ce titre Ali Essafi.
Les « chikhates », artistes pionnières du Maroc, sont à la fois les femmes les plus aimées et les plus marginalisées! Et ceci pour une seule et même raison : leur liberté ! Liberté des moeurs et liberté de ton qui leur permettent, à elles seules, de chanter l’injustice et le sort des femmes. Avec des mots simples, Shikha Aïcha m’a résumé cette situation : « notre vie est semblable à cette bougie qui brûle et se sacrifie pour que les autres voient ! »
Elles sont à la fois célèbres et très décriées, car elles sont jugées comme des femmes vulgaires, dans un jugement à la fois sexiste et classiste. Il leur est reproché d’avoir des mœurs dissolues, de se livrer en spectacle publiquement, notamment lorsqu’elles dansent. La réputation de femmes légères, traînant en compagnie des hommes une fois le spectacle fini, leur colle à la peau. Le fait de les associer à la prostitution, et de les blâmer pour cela, s’inscrit dans une logique patriarcale : ces femmes sont indépendantes, libres, gagnent leur vie, et cela grâce à l’usage de leur corps, par la voix et la danse… et cela dérange! On dit des chikhates qu’elles sont des prostituées douées de cordes vocales et de hanches.
On leur reproche aussi le caractère grossier, « aârobi » (campagnard) de leur art.
Fatna Bent Lhoussine, est une chikha très connue. Orpheline, elle s’est enfuie de chez sa grande soeur chez qui elle vivait enfant, qui la maltraitait, et lui interdisait de se livrer à sa passion, qu’elle voyait comme une dépravation. Fatna Bent Lhoussine était une femme libre et une grande artiste, comme l’illustre cette sublime vidéo :
Un film documentaire est sorti sur elle après sa mort en 2005.
Hajja Hamdaouia est une autre chikha traditionnelle.
Ainsi, Ali Essafi, réalisateur d’origine berkanie, donne la parole à Aïda, Aïcha et Hafida, trois chikhates de Safi qui s’attardent avec nostalgie sur l’âge d’or de la aïta et évoquent à mots feutrés leur présent moins rose. Aïda, seule dans sa modeste échoppe, ou le regard humide en coulisses (pendant que Hafida et Aïcha se produisent sur scène) raconte sa formation de chikha dans les années 50, ses tournées d’artistes et la réprobation de ses frères quand elle a choisi ce métier décrié. Loin des feux de la rampe désormais, Aïda a tourné la page pour toujours. Elle n’a plus que ses souvenirs d’artistes et celui de chioukhs chers à son cœur, aujourd’hui disparus. L’époque n’accordant plus aucun respect au « métier », Aïda déconseille d’ailleurs à sa fille adoptive d’embrasser la profession. « Quand elles ont vu le film pour la première fois, Aïda, Aïcha et Hafida attendaient avec appréhension de voir quel regard porteraient les autres sur elles » souligne à ce titre Ali Essafi.
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