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Une histoire mondiale des peuples noirs

Patrick Manning, spécialiste de l’histoire de l’Afrique, un des pionniers de l’histoire mondiale et de l’histoire globale, professeur d’histoire mondiale à l’Université de Pittsburgh et directeur de son Centre d’histoire mondiale (créé sous son impulsion 1994), auteur du manuel d’histoire mondiale Navigating World History (2003) et président du Réseau d’histoire mondiale (World History Network), aborde ici ce que, depuis les années 1950, on a appelé les Black Studies.


L’innovation est que l’auteur entend aborder l’histoire des peuples africains de manière globale : il s’agit d’étudier plusieurs régions et nations parallèlement, et sur le temps long : de 1400 à nos jours. D’où l’expression, novatrice, de « diaspora africaine », pour illustrer l’idée que des peuples africains ou d’origine africaine ont, à différentes périodes, de gré ou de force, migré vers d’autres continents (Europe, Amériques, Asie) et s’y sont établis. Manning s’attache à voir les liens, les « connexions globales », comme dans la connected history, où l’historien joue le rôle d’une sorte d’électricien rétablissant les interconnexions continentales et intercontinentales que les historiographies nationales auraient artificiellement rompues en adoptant un cadre spatial étatique. Cela permet à Manning d’assembler des faits et phénomènes comme des pièces d’un puzzle géant et donc de mieux comprendre les liens entre eux. Pour cela, il prête davantage attention aux échanges, réseaux, mélanges, métissages, qu’aux royaumes et aux nations. Il s’efforce de traiter l’histoire des diasporas avec la même importance que celle des nations.


Une approche globale
Manning cherche ainsi à identifier
des connexions, qui ont amené les Africains à se forger un sentiment d’appartenance. Son approche globale lui permet de mettre en évidence des liens entre des phénomènes auparavant étudiés de manière séparée. Par exemple, il montre comment au milieu du xixe siècle, l’esclavage est dénoncé de manière concomitante en Amérique du Nord, du Sud, en Afrique de l’Ouest, dans l’empire ottoman, et en Inde. L’approche de l’histoire globale permet aussi à Manning de souligner la profonde influence exercée par la diaspora africaine sur l’histoire mondiale : il montre le lien inextricable entre migration noire et essor de la modernité (et notamment essor de l’industrialisation et de l’urbanisation). Cet ouvrage, qui fait partie de la nouvelle série « Columbia Studies in International and Global History », est donc écrit selon une vision vraiment globale.
Manning présente l’évolution de l’histoire des Africains et des peuples de descendance africaine, vaste ensemble qui représente aujourd’hui 1/6 de l’humanité. En six chapitres denses, il brosse un tableau de l’évolution de ces peuples sur le temps long, de 1400 à nos jours, en dégageant de grandes étapes, comme « la survie » (1600-1800), la conquête de « l’émancipation » (1800-1900), de la « citoyenneté » (1900-1960), et enfin de « l’égalité » (1960-2000). L’aire géographique traitée est elle aussi très vaste : elle s’étend non seulement au continent africain, mais aussi aux Amériques, à l’Europe et à l’Asie.
Dans cet immense panorama, l’auteur met l’accent sur certains thèmes : l’esclavage et le racisme ; les changements économiques, les mouvements sociaux, liés notamment à l’industrialisation ; l’urbanisation ; la famille ; les expressions culturelles et notamment les cultures populaires.
Manning, bien que posant clairement que les « races » n’existent pas s’agissant des humains, emploie cependant ce terme, car, il estime que le concept de « races » existe, lui, du simple fait qu’il est utilisé par des sociétés humaines.
Sur la question de l’esclavage, de la ségrégation et du racisme, l’auteur part de la question de déterminer pourquoi l’esclavage s’est développé à si grande échelle à l’ère moderne. Il dépeint et explique l’essor de ce phénomène, qui a culminé au xixe siècle, avant de décliner du fait à la fois de campagnes anti-esclavagistes et de l’essor de l’âge industriel.
Il analyse les théories racistes et les démonte. Il dépeint leur ascension, leur hégémonie sous les empires coloniaux et avec les politiques de ségrégation aux États-Unis et en Afrique du Sud, puis leur déclin. Il souligne l’arbitraire et l’injustice et l’oppression du système colonial en Afrique, les dégâts humains qu’il y a causés. Il n’hésite pas à mettre en évidence le rôle trouble joué par les États-Unis, comme, par exemple, leur quasi-colonisation de Porto Rico, et le fait que le président Wilson, peu après son élection en 1913, ait ordonné la mise en place de la ségrégation raciale dans tous les locaux administratifs du pays.
Manning poste une question importante, qui peut alimenter le débat français sur la question de la « repentance » coloniale : est-ce que des « réparations » devraient être accordées aux descendants des esclaves et des colonisés pour l’injustice passée subie par leurs ancêtres ? C’est une question difficile à trancher : qui paierait combien et à qui ? Il rappelle cependant que de tels versements se sont faits dans l’autre sens : Haïti a payé à la France 25 millions de francs or, des décennies après son indépendance, pour indemniser les planteurs français. Et il fait valoir qu’à la suite de la Shoah, la RFA et la RDA ont versé des réparations financières à l’État d’Israël.
S’interrogeant sur l’avenir de l’identité noire, il évoque l’importance de la construction d’une mémoire commune, et interroge la notion, sur laquelle il apparaît difficile de se prononcer, de l’affirmative action (discrimination positive).
Se demandant si le racisme cessera un jour, il estime que les communautés noires vont devenir avec le temps de plus en plus hétérogènes (économiquement, socialement, culturellement) ; l’idéal de conserver une unité noire, une identité noire commune, sera un défi, qui requerra l’invention de nouveaux moyens d’action.

Luttes sociales
La dimension sociale de
cet ouvrage est forte. Manning s’intéresse en effet beaucoup aux luttes et mouvements sociaux. Son travail nourrit la réflexion entamée en France par l’ouvrage de Didier et Eric Fassin en 2006 avec De la question sociale à la question raciale. Il montre que les deux questions sont liées et souligne la permanence et l’importance de la « question sociale ».
Après avoir étudié la lutte des Noirs pour l’émancipation au xixe siècle, il
aborde celle pour la citoyenneté de 1900 à 1960, et celle pour l’égalité de 1960 à nos jours. Il souligne le rôle moteur joué, dans ces luttes, par les différents partis communistes et par le mouvement communiste international à partir de 1920 : ils ont stimulé et organisé la lutte sociale des Noirs pour la reconnaissance de leurs droits politiques, économiques et sociaux. Il souligne le rôle de militants communistes noirs comme W.E.B. DuBois et Richard Wright. Il met également en évidence le rôle du syndicalisme, surtout à partir des années 1930 (pendant la Grande Dépression mondiale). Plusieurs leaders anticolonialistes africains sont en effet venus à la lutte politique en commençant par le syndicalisme. Il montre aussi le rôle d’associations, comme la NAACP (National Association for the Advancement of Coloured People) fondée aux États-Unis en 1906, ou l’UNIA (Universal Negro Improvement Association) animée par Marcus Garvey dans les années 1910, et sa revue The Negro World. Il souligne aussi l’importance, à partir des années 1960 (dans le sillage du concile Vatican II) du mouvement catholique progressiste de la « théologie de la libération », très influent auprès des Noirs d’Amérique latine (mais beaucoup moins auprès des Noirs d’Afrique).
Manningsouligne
 aussi le rôle d’individus, de personnalités marquantes, hommes célèbres comme Martin Luther King, Nelson Mandela, Malcolm X, Frantz Fanon, Kwame N’Krumah, Stokely Carmichael (leader du « Black Power » à partir de 1966 aux États-Unis), ou moins connus aujourd’hui comme le Sénégalais Blaise Diagne, premier Africain élu au parlement français, en 1914, et le Martiniquais René Maran, premier Noir à obtenir le prix Goncourt en 1921 avec son roman Batouala. Manning montre aussi le rôle moteur joué par de grandes réunions panafricaines, comme la Conférence panafricaine de Manchester en 1945, et le « Festival mondial des arts nègres » à Dakar en 1966 ; et le rôle de la création d’institutions, comme l’OUA (Organisation de l’Unité africaine) en 1963.
Grâce
 à sa vision d’ensemble, globale, Manning parvient à mettre en évidence le parallèle entre le mouvement pour les droits civiques aux États-Unis dans les années 1950-1960 et le grand mouvement, concomitant, de décolonisation de l’Afrique.
En conclusion,
 il se demande si l’égalité sociale sera un jour possible. Il observe et dénonce le fait que, depuis deux siècles, les inégalités (économiques, sociales, sanitaires) ont en réalité augmenté considérablement, à la fois entre les pays et au sein des pays. Il identifie comme responsable le système capitaliste et notamment la logique néolibérale incarnée par les grandes firmes transnationales.
Une « culture noire » ?
Manning
estime qu’au-delà de la diversité des cultures des peuples noirs, il existe une cohérence et un sens à la production culturelle de la diaspora africaine. Cela l’amène à étudier l’unité et la diversité des productions et expressions culturelles des Noirs au fil du temps.
Ainsi
, l’ouvrage évoque et met en relation la littérature, la musique, la danse, le cinéma, la sculpture, la peinture, etc. La littérature est présente à travers le mouvement intellectuel de la « Harlem Renaissance » à New York dans les années 1920 (Manning montre que le ghetto de Harlem y a été un « hub » de la production culturelle pendant ces années) et le concept de « négritude » développé par Senghor et Césaire dans les années 1930. La musique joue son rôle avec, par exemple, la contribution majeure des Noirs dans la création du jazz dans les années 1920, du rock au début des années 1950, puis du reggae avec le groupe The Wailers, fondé en 1963 et représenté par Bob Marley (musique de rébellion, critiquant le capitalisme, avec notamment la chanson « Get up, stand up » qui souligne l’impératif de « te lever pour tes droits »). La danse avec Katherine Dunham. Le cinéma avec le cinéaste sénégalais Ousmane Sembène qui a tourné des films engagés, dénonçant le (néo) colonialisme. L’auteur montre la place de la sculpture africaine, dont la valeur a été reconnue à partir du début du xxe siècle et qui a dès lors influencé les arts occidentaux comme le cubisme et l’Art Déco. Il montre celle de la peinture avec, par exemple, le peintre congolais Chéri Samba et ses tableaux mêlant dérision et dénonciation du néocolonialisme. L’historiographie a sa place aussi avec Cheikh Anta Diop, figure de proue de la « nouvelle histoire africaine » qui a émergé dans les années 1960.
Dans
 la formation d’une communauté culturelle noire, Manning souligne aussi particulièrement le rôle de l’habillement et de la coiffure. Grâce à son approche véritablement globale, Manning est en mesure de faire des rapprochements éclairants entre des mouvements culturels distincts, comme, par exemple, dans le domaine musical, entre l’essor de la bossa nova au Brésil et celui du raï en Algérie.
Tout
 au long de l’ouvrage, l’auteur s’attache aussi à montrer les avancées culturelles effectuées par les communautés noires. Se créant eux-mêmes en tant que groupe, les Noirs ont selon Manning créé une véritable identité transnationale, reposant sur une grande vivacité de création culturelle, particulièrement depuis la fin du xxe siècle dans le domaine des « visual arts ».

Un historien anti-impéraliste
Autant
, en 1975, Jean Copans avait pu reprocher à l’anthropologue américain Melville Herskovits de perpétuer, par le contenu de ses travaux et par sa forte influence dans les universités et centres de recherches africains, l’impérialisme culturel américain, autant on ne peut certainement pas faire ce reproche à son élève et successeur Patrick Manning. Ce dernier apparaît au contraire comme un historien résolument anti-impérialiste. Il met en évidence comment, au fil du temps, les luttes de la communauté noire se sont exercées contre l’esclavage, puis contre le colonialisme, puis contre le néocolonialisme et enfin contre le système capitaliste néolibéral incarné par les firmes transnationales (pillage de ressources naturelles et exploitation des travailleurs en Afrique) et par les grandes institutions économiques internationales comme le FMI et la Banque mondiale (« programmes d’ajustement structurel » lancés à partir des années 1980). À plusieurs reprises dans l’ouvrage, Manning revient sur les dégâts causés par le néolibéralisme et par la politique internationale menée dans les pays du Sud par les grandes puissances, à commencer par les États-Unis. Il souligne par exemple le rôle des États-Unis et notamment de la CIA dans l’assassinat de Patrice Lumumba en 1961 et dans l’installation de plusieurs dictatures dans des pays d’Afrique et d’Amérique latine dans les années 1960-1970 et jusqu’à nos jours (ex : en Haïti en 1991).
Dans
son panorama de l’histoire sociale de la diaspora africaine, Manning identifie des temps forts, des moments de progrès et de changement, comme les années 1960, et des moments de reflux, de retour en arrière, comme les années 1980 sous l’effet notamment des gouvernements ultra-conservateurs alors en place aux États-Unis et au Royaume-Uni. Il identifie aussi un nouveau pas en avant dans les années 1990 avec l’élimination de l’apartheid en Afrique du sud, et avec la Constitution adoptée par ce pays en 1996, modèle (théorique) de démocratie et de garantie d’égalité sociale.
Observant
 que l’accession des Noirs à la citoyenneté dans les années 1960 (décolonisations en Afrique et mouvement des droits civiques aux États-Unis) n’a pas coïncidé avec leur accession à l’égalité en pratique par rapport aux Blancs, il souligne l’émergence de nouvelles luttes en vue de la conquête d’une véritable égalité entre Noirs et Blancs. En effet, ainsi qu’il l’illustre par des données quantitatives précises, de fortes inégalités économiques et sociales persistent aujourd’hui entre Noirs et Blancs, malgré l’égalité théorique en droit. Le grand enjeu actuel est donc désormais davantage une question sociale qu’une question raciale, c’est-à-dire davantage un enjeu de classes que de races.

Un gros plan sur des pays généralement peu abordés par l’historiographie occidentale traditionnelle
La
perspective mondiale adoptée par Manning lui permet de mettre l’accent sur de petits pays habituellement négligés par l’historiographie occidentale, et de souligner leur rôle et leurs apports majeurs, comme Haïti et Cuba.
Haïti
 a fait figure de précurseur dans la lutte mondiale des Noirs pour la citoyenneté. Manning rappelle la précocité de la lutte d’indépendance haïtienne : l’indépendance est acquise en 1803. Il souligne aussi la vitalité intellectuelle des Haïtiens dans les années 1920, autour de l’écrivain Jean-Price Mars et de sa revue Les Griots. Enfin, il souligne aussi la vitalité et l’originalité de la peinture et de la sculpture haïtienne dans l’entre-deux-guerres, avec, par exemple, le peintre haïtien autodidacte Hector Hippolyte, révélé à l’occasion d’une exposition de peinture organisée par l’Unesco au Mexique à la fin des années 1940.
C’est
aussi à un autre petit pays des Caraïbes que s’intéresse particulièrement Patrick Manning : Cuba. Il souligne les contributions des Cubains à la culture noire, dans le domaine culturel comme dans le domaine social.
Dans
 le domaine culturel, Manning souligne la faculté des Afro-Cubains à faire des créations artistiques de talent, exprimant leurs aspirations, dans le domaine musical (la conga, la rumba, le son),visuel, littéraire ; il affirme que le cas cubain a servi d’avant-garde pour les populations noires partout ailleurs. Il montre ainsi l’influence de la musique cubaine sur les sociétés de toute l’Afrique de l’Ouest dans les années 1940 et 1950. Ainsi, la chanson cubaine « Guantanamera », faisant référence à une pauvre guajira (paysanne misérable) de Guantanamó, a joué un rôle important dans la culture populaire de Cuba dans les années 1930, et a acquis une notoriété internationale ; en outre, à partir de 1959, cette chanson a connu une nouvelle popularité, car le compositeur Julián Orbón l’a agencée avec les paroles d’un poème du héros national José Martí.
Dans
 le domaine politique et social, Manning met en valeur la contribution des Afro-Cubains, comme le héros Antonio Maceo, dans la lutte pour l’indépendance de Cuba à la fin du xixe siècle. À l’inverse, il ne cache pas le rôle réactionnaire des États-Unis dans les années qui ont suivi, cette grande puissance ayant occupé militairement Cuba pendant plusieurs années au début du xxe siècle et accentué l’oppression pesant sur la population noire de l’île. En outre, autour de 1900, des scientifiques états-uniens, en consultation avec les forces d’occupation militaire américaines, ont déclaré que les Noirs cubains étaient socialement et intellectuellement inférieurs aux Blancs. Par contraste, Manning souligne le rôle progressiste de la Révolution cubaine menée par Fidel Castro, arrivé au pouvoir en 1959 : le régime castriste a fait chuter le taux d’analphabétisme et a beaucoup fait pour égaliser la condition des Afro-Cubains par rapport à celle des Cubains blancs. Il met aussi en valeur les importantes actions de solidarité avec les luttes des peuples africains menées par Cuba à partir des années 1960, qu’illustre notamment l’envoi de nombreux combattants cubains en Angola en 1976.

Questions posées à l’avenir et bilan
En conclusio
n, Manning pose plusieurs questions à l’avenir. En particulier, il aborde le dilemme entre universalité et diversité culturelle. L’accession des Noirs à une véritable égalité par rapport aux Blancs entraînerait-elle la perte de la diversité culturelle, par une uniformisation de la culture noire sur les standards blancs ? Non, répond Manning, car la communauté noire ne cesse de cultiver et de développer son identité sociale et culturelle (par exemple avec le succès de la série télévisée Roots diffusée aux États-Unis à partir de 1967, qui présente l’histoire semi-autobiographique d’une famille de Noirs américains et cultive par là la mémoire de la culture noire).
Sur
le plan social, Manning tire la sonnette d’alarme sur les inégalités qui ne cessent de se creuser entre Noirs et Blancs, entre les pays (Nord/Sud) et au sein des pays. Il souligne notamment les dégâts de la terrible épidémie de sida en Afrique, contre laquelle les autorités nationales et internationales ont tardé à réagir, et rappelle que, dans les débuts de cette maladie, les Africains et les Haïtiens ont été injustement stigmatisés. Dans le domaine de l’éducation, il sonne aussi l’alarme, rappelant qu’en 2000, encore environ un Africain sur deux est illettré.
L’ouvrage
est remarquable et très convaincant. Rédigé de manière très claire, il présente de nombreuses idées novatrices, toujours illustrées par des exemples précis, concrets et souvent frappants. Ilbrasse une quantité énorme d’informations, et réussit la prouesse de les présenter de façon à ne pas noyer le lecteur sous la masse, les agençant au contraire très intelligemment de manière à créer du sens par des rapprochements pertinents et à ce jour jamais effectués, entre des phénomènes survenus dans des aires géographiques très différentes. Surtout, il pose des questionnements originaux et stimulants. Il apporte une contribution de poids à la fois aux Black Studies, à l’histoire transnationale, à l’histoire mondiale, et aux cultural studies ou histoire culturelle.Une des seules critiques que l’on pourrait faire à l’approche de Manning est que, finalement, ce qu’il considère comme les caractéristiques spécifiques des « Noirs » (grande créativité, qualités artistiques, technologiques, sens de la collectivité, de la « communauté », résistance et combativité contre l’oppression, etc.), on pourrait en fait les retrouver à propos de tous les groupes humains ; d’autant plus que les races n’existent pas. « Nous sommes tous des Africains », a-t-on envie de dire à l’issue de la lecture de ce livre.

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