En Égypte, un fleuve artificiel est en cours de construction. Son but, irriguer près d’un million d’hectares.
L’Égypte a commencé, début avril, la construction d’un cours d’eau artificiel de 174 kilomètres de long, dans le désert. Son objectif : irriguer les 2,2 millions de feddans, soit 924 000 ha, c’est-à-dire le quart des terres agricoles égyptiennes. Le gouvernement égyptien a également construit 30 stations de relevage d'eau et un mégaprojet de traitement tertiaire des eaux usées afin de garantir une source d'eau durable. L'usine peut traiter 7,5 millions de mètres cubes d'eaux usées agricoles par jour, ce qui, « est le plus grand projet de drainage agricole au monde », a indiqué le ministre des Ressources en eau et de l'irrigation, Hani Sewilam, interrogé par le site Ahramonline. Ces infrastructures visent « à renforcer la sécurité alimentaire, à réduire le déficit d'importation de produits stratégiques, à soutenir les activités liées à l'agriculture telles que le bétail et la volaille et la transformation des produits agricoles », a complété le ministre de l'agriculture, Al-Sayed Al-Qusseir. Ce dernier s'attend à ce que la production égyptienne de céréales stratégiques augmente de 10 à 15 % du produit agricole brut actuel, en particulier le blé et le maïs, ainsi que les légumes, les fruits et les cultures industrielles.
Bataille de l’eau
Ce projet est d’autant plus stratégique que le Nil (blanc), long de 6 671 km et traverse six autres pays africains : le Burundi, le Rwanda, l'Ouganda, la Tanzanie, le Soudan, le Soudan du Sud, auxquels il convient d’ajouter les pays affluents (Kenya, République démocratique du Congo, Érythrée) et l’Éthiopie qui est traversée par le Nil bleu, d'où proviennent plus de 95 % des eaux renouvelables de l'Égypte. Or les négociations parrainées par l'Union africaine sur le barrage de la Grande renaissance éthiopienne (GERD), qu'Addis-Abeba construit depuis 2011 sur le Nil bleu, ont échoué en avril 2021. Ce gigantesque « Barrage de la Renaissance » comme les Éthiopiens l’appellent, a vocation à devenir la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique. Sa production annuelle dépasse les 6 000 mégawatts. La première fourniture d’électricité a été réalisée en février 2022. Problème : son volume est évalué à plus de 70 milliards de mètres cubes (Mdm3) d’eau. L’Égypte, qui dépend de plus de 85 % en approvisionnement d’eau du Nil, craint de connaître une situation de pénurie d’eau. Ce qui suscite sa colère car le pays des Pharaons estime que son déficit en eau représente jusqu'à 55 % de ses besoins, soit 120 Mdm3. L’Égypte, 109 millions d’habitants, est le seul pays du bassin du Nil qui importe 65 % de ses besoins alimentaires de base. Les ressources en eau du pays comprennent 55,5 Mdm3 provenant du Nil, 1,3 Mdm3 provenant des précipitations et 2,4 Mdm3 provenant de sources souterraines. C’est avec une attention de tous les instants que l’Égypte fait tout pour s'assurer que les eaux du Nil ne seront pas détournées en amont. Déjà, le Soudan est en embuscade pour revendiquer sa part du gâteau sur ces eaux qui symbolisent pour l’Égypte, la mère nourricière. Mi-avril, le Soudan et l’Égypte ont exigé de l’Éthiopie qu’elle signe un accord juridique sur les conditions de remplissage de ce barrage et de son exploitation.
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