Depuis 1945, les États-Unis ont perdu ou, du moins, n’ont clairement
remporté aucune de leurs grandes guerres : Corée, Vietnam, Irak,
Afghanistan et même, d’un certain point de vue, Cuba.
C’est une défaite ou un match nul... ou le prolongement de coûteuses et,
ultimement, futiles opérations pour tenir à bout de bras des sociétés
instables et qui n’attendent que le départ des Américains.
Pourquoi ?
Cinq raisons fondamentales, dit mon correspondant, expliquent cela.
- Premièrement, leurs armements ultra-sophistiqués et l’énormité de leurs
moyens ne parviennent pas à compenser leur méconnaissance de terres
lointaines et l’extraordinaire motivation d’ennemis qui défendent leur
sol, qu’ils connaissent parfaitement, et qui jouissent de plus d’appui
populaire que ce que la propagande américaine veut nous faire croire.
- Deuxièmement, on peut greffer un rein, mais pas une démocratie. La
démocratie exige, pour s’enraciner, un sol fertile, des mentalités, une
culture civique, bref, des conditions sociales qui prennent des
décennies, voire des siècles pour fleurir.
- Troisièmement, le soldat américain de base n’est pas un « guerrier
», dans le sens ancestral du terme. Hollywood
aura beau mythifier le sniper américain, le SEAL, le Marine, mais ce n’est pas quelqu’un qui est prêt à mourir pour sa cause.
La plupart du temps, le soldat américain est un homme de condition
modeste, payé pour se battre, qui avait le choix entre l’armée ou passer
sa vie à ranger des boîtes dans un entrepôt.
Le meilleur équipement, le meilleur entraînement ne transformera
pas un mouton en loup, même si ce bon gars peut occasionnellement péter
sa coche et commettre des atrocités. Son adversaire, lui, est fait d’un
autre bois.
- Quatrièmement, les Américains sont un peuple introverti, tourné sur
lui-même, qui voyage peu, et qui est, sauf exception, très ignorant des
autres cultures. L’Américain de base n’est pas curieux et trouve
incompréhensible qu’on ne pense pas comme lui.
George W. Bush et Donald Trump, très populaires parmi les soldats, incarnaient cela jusqu’à la caricature.
L’armée américaine semble s’imaginer qu’elle peut acheter les
sympathies d’un village afghan ou irakien en y distribuant du Coke, des
hot-dogs, du ketchup ou des DVD de Disney. On rit dans son dos.
Lobby
- Cinquièmement, même quand une intervention militaire est très
incertaine, qui pousse sans relâche pour qu’on fonce ? L’industrie de
l’armement et ses lobbyistes.
Pour elle, la guerre, c’est une occasion d’affaires. Pas de
guerres, pas de profits. Dick Cheney et Halliburton, ça vous sonne une
cloche ?
On fonce pour des raisons commerciales autant, sinon plus, que pour
des raisons géostratégiques. Que les États-Unis gagnent ou perdent, les
vendeurs d’armes, eux, gagnent à tous les coups.