Les dates-clés de la crise humanitaire des Rohingyas, dont plus de  410.000 ont trouvé refuge au Bangladesh pour fuir les violences dans  l'ouest de la Birmanie bouddhiste, qui a amené Aung San Suu Kyi à  prononcer mardi un discours solennel sur le dossier.
- 25 août: attaques de la rébellion rohingya
 
Le  25 août, au petit matin, des partisans de la jeune rébellion rohingya,  l'Armée du Salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA), lancent une trentaine  d'attaques contre des postes de police dans l'Etat Rakhine. Au moins  douze policiers sont tués.
La  réponse de l'armée birmane est immédiate. Des villages rohingyas sont  ciblés par des raids présentés comme des opérations antiterroristes.  Mais des témoins ont fait état de tirs d'obus et de mitrailleuses sur  des civils fuyant vers le Bangladesh.
 L'armée  dit avoir tué 400 rebelles. Ses détracteurs soutiennent que la majorité  des victimes sont des civils. L'ONU a fait état d'un bilan d'au moins  1.000 tués.
- 5 septembre: marée de réfugiés au Bangladesh
 
Onze  jours après les attaques, plus de 120.000 réfugiés rohingyas ont passé  la frontière du Bangladesh, pris de court par cet afflux. Au moins  300.000 Rohingyas se trouvaient déjà dans ce pays, l'un des plus pauvres  de la planète, legs des vagues de violences précédentes.
Après  avoir pour certains marché plus d'une semaine à travers collines et  forêts, sous la pluie et dans la boue, les nouveaux arrivants découvrent  des camps de réfugiés déjà surpeuplés.
Selon  les autorités birmanes, 10.000 hindous et bouddhistes avaient également  été déplacés à cette date en Birmanie à cause des combats. Un chiffre  monté par la suite monté à 30.000.
- 6 septembre: Suu Kyi dénonce un "iceberg de désinformation"
 
Dans  son premier commentaire officiel sur la crise au Rakhine, la dirigeante  birmane avait dénoncé un "iceberg de désinformation" qui ne reflète pas  selon elle la réalité du terrain.
La  prix Nobel de la paix est sous le feu des critiques à l'international  pour sa position ambiguë sur le sort des Rohingyas, vus par la société  birmane comme des étrangers posant une menace à l'identité nationale.
L'ex-dissidente,  arrivée au pouvoir en avril 2016 après des élections historiques, doit  maintenir un fragile équilibre avec la très influente armée, toute  puissante dans la zone de conflit et qui a régné sans partage sur la  Birmanie pendant près d'un demi-siècle.
- 11 septembre: l'ONU dénonce une "épuration ethnique"
 
L'ONU  hausse le ton contre l'armée birmane et les milices bouddhistes en  qualifiant les exactions contre les Rohingyas d'"exemple classique  d'épuration ethnique". La communauté internationale, des États-Unis à  l'Union européenne en passant par le Conseil de sécurité de l'ONU, fait  pression sur Naypyidaw pour que cessent les violences.
Dans  un rapport, Amnesty International dénonce une "politique de la terre  brûlée" visant la minorité musulmane. Se basant sur des images  satellites, l'ONG estime que les attaques ont un "caractère planifié,  délibéré et systématique". Les observateurs et médias internationaux  n'ont pas accès à l'Etat Rakhine, verrouillé par les forces de sécurité.
- 16 septembre: 400.000 réfugiés rohingyas au Bangladesh
 
Jour  après jour, la situation se dégrade au Bangladesh. Le 16 septembre, la  barre des 400.000 réfugiés rohingyas est franchie, ce qui en fait l'une  des plus graves crises humanitaires de ce début de XXIe siècle en Asie.
En  trois semaines, le sud du pays, frontalier de la Birmanie, s'est  transformé en un des plus grands camps de réfugiés du monde et les  autorités locales et les ONG peinent à venir en aide aux nouveaux venus.
La  communauté internationale doit se préparer au "scénario du pire", a  prévenu responsable onusien, à savoir le déplacement de tous les  Rohingyas vers le Bangladesh. Cette minorité musulmane est estimée à  environ 1 million en Birmanie, dont près de 800.000 dans la partie nord  de l'État Rakhine, épicentre des troubles.
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