Une grande manifestation ayant eu lieu en juin 2018 en Corée du sud pour dénoncer les caméras cachées présentes des dans les lieux publics.
Si vous vous êtes déjà rendus au Pays du Matin Frais, vous avez obligatoirement vu des panneaux vous indiquant la présence de caméras de surveillance (CCTV). Il y a en partout dans la capitale et le reste du territoire. Aucun coin de rue n’est épargné et ce nombre est croissant d’année en année.
Il y avait 300 000 caméras dans les lieux publics en 2010 et ce nombre est passé à 740 000 en 2015, soit une augmentation de 49%.
Elles ont été installées pour la prévention des incendies, la régulation de la circulation et la lutte contre les actes criminels et leur résolution.
Caméra de surveillance et son panneau
dans une rue en Corée
Pour se faire, il existe une loi sur la protection des données personnelles, la PIPA (Personal Information Protection Act) qui encadre l’exploitation des données recueillies par les caméras mais aussi, plus largement, toutes les données informatiques. Par exemple, dès qu’une caméra est installée (et quelque soit le lieu), il y a obligation de nommer un responsable de la surveillance des données et en cas de délégation de cette tâche, cette dernière doit bien être expliquée à la nouvelle personne.
Les caméras cachées – Molka
Les Molka, contraction de « molae camera » (몰래 카메라 – littéralement caméra secrète), sont des caméras cachées utilisées dans le but d’espionner et de recueillir certaines images sans le consentement des personnes.Les protagonistes sont souvent des hommes installant des appareils dans les toilettes publiques, les transports en communs et même au sein du propre foyer familial.
Ces personnes utilisent des caméras miniatures posées dans des endroits discrets, glissées dans des trous dans les murs, cachées dans une poche percée, accrochées sur une veste sous la forme d’un bouton etc… pour filmer l’intimité des victimes. Les téléphones portables sont aussi utilisés pour filmer en les glissant subtilement sous la jupe des femmes qui utilisent l’escalator.
Les victimes sont donc majoritairement des femmes dont l’intimité est observée et parfois dévoilée sur internet.
Entre 2012 et 2017, 16 201 personnes ont été arrêtées pour ce délit et, parmi eux, 98% étaient des hommes. 84% des victimes étaient des femmes. On observe donc que certains hommes usent de cette pratique entre eux.
Ce phénomène ne date pas d’aujourd’hui. En 2012, la police avait recensé 920 cas et en 2015, ce fut 3 638 cas. En 2017, ce serait plus de 6 000 affaires qui auraient été rapportées aux autorités.
Les sanctions peuvent aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 10 millions de wons (environ 7 600 euros). Malheureusement, ces mesures sont peu appliquées. Une somme nettement plus modeste est généralement à la charge du criminel et il ne va pas en prison.
Juin 2018, une grande manifestation contre les molka.
La rapidité de l’arrestation de la jeune femme a été l’élément déclencheur de ce mouvement. En effet, ce n’est pas son geste (qui doit être puni) mais le fait qu’une femme soit traduite en justice plus rapidement que si elle avait été un homme qui est remis en cause.
Cette injustice vis-à-vis du genre a donc été mise en lumière par plus de 22 000 femmes qui ont défilé dans le quartier de Hyehwa.
Elles ont aussi dénoncé ces actes de voyeurisme dont elles sont victimes, alors que leurs plaintes ne sont pas prises au sérieux.
Dans le pays le plus connecté au monde, on les appelle les "netizens" : les internautes citoyens. A l’aide de vidéos prises à la volée, ils sont parvenus à faire tomber des hommes politiques corrompus, licencier des employés irrespectueux, mettre sous verrous des criminels en cavale…
En Corée du Sud, le pays le plus connecté au monde, on les appelle les netizens : les internautes citoyens. A l’aide de vidéos prises à la volée, d’une parfaite maîtrise des réseaux sociaux et d’un redoutable sens de l’investigation, ces citoyens anonymes passent au crible à peu près tout le monde : les personnalités du showbiz, les milieux du pouvoir ou le voisin de palier.
Scandales en ligne.
En quelques années, ces netizens sont parvenus à faire tomber des hommes politiques corrompus, virer des employés irrespectueux, mettre sous verrous des criminels en cavale. Dans la péninsule coréenne, la crainte de se retrouver au cœur d’un scandale en ligne fait désormais partie du quotidien des habitants. Enquête sur ces nouveaux justiciers au pays de l’internet pour tous.
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