Jeudi 4 avril, les forces du maréchal Khalifa Haftar, qui domine l'est du pays, ont tenté un coup de force pour marcher sur Tripoli, la capitale, tenue par le Gouvernement d'union nationale.
Les forces du gouvernement d'union nationale (GNA)
s'installent à Tajura, une banlieue côtière
de la capitale libyenne, Tripoli, le 6 avril 2019.
Dernier épisode en date, jeudi 4 avril, l'avancée des troupes du maréchal Khalifa Haftar vers Tripoli, la capitale, pour "purger l'ouest" du pays "des terroristes et des mercenaires". Elles se sont arrêtées à une trentaine de kilomètres de la capitale libyenne. Un premier bilan du ministère de la Santé du Gouvernement d'union nationale (GNA) fait état d'au moins 21 morts. De son côté, l'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar a fait état samedi soir de 14 morts parmi ses combattants. Ce coup de force rend la situation encore un peu plus explosive.
- Parce que le pays est profondément divisé
L'arrivée au pouvoir de Fayez al-Sarraj a ravivé les espoirs d'une sortie de crise.
En juin 2018, le porte-parole de l’Armée nationale libyenne avait annoncé que la gestion de ce "croissant pétrolier" relèverait désormais des autorités de Benghazi et non plus de Tripoli. Mais ce transfert des activités de la Compagnie nationale du pétrole (NOC) de l'ouest vers l'est semblait difficilement réalisable. "Tous nos contrats sont signés avec la NOC de Tripoli. Je ne vois pas comment celle de Benghazi peut intervenir, sauf à rendre caducs des contrats qui remontent à 1955 et 2008", expliquait un industriel européen du pétrole au quotidien. D'autant que la NOC de Benghazi ne disposait pas, à l'époque, du "personnel et de l’expertise technique" lui permettant de se substituer à la NOC de Tripoli.
Or, selon plusieurs résolutions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies, dont la dernière date de juin 2017, seule la NOC placée sous l'autorité du Gouvernement d'union nationale peut gérer le pétrole libyen. La résolution de juin 2017 "condamne" sans ambiguïté toute "tentative d’exportation illicite de pétrole", notamment par le biais "d’institutions parallèles", comme la NOC de Benghazi, échappant à la tutelle du "gouvernement d’accord national".
Problème, la conciliation entre les deux camps, et les innombrables milices qui pullulent dans le pays, semble très difficile à réaliser. "Le pays a explosé en mille morceaux, il ne s’est pas divisé entre deux personnages. Ce n’est pas l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest que l’on réunifierait. Quarante-deux ans de dictature et huit années de chaos n’ont pas fait qu’éclater la structure de l’État, mais également le tissu social lui-même. C’est un travail de dentellière".
- Parce que le pétrole est un enjeu majeur
En juin 2018, le porte-parole de l’Armée nationale libyenne avait annoncé que la gestion de ce "croissant pétrolier" relèverait désormais des autorités de Benghazi et non plus de Tripoli. Mais ce transfert des activités de la Compagnie nationale du pétrole (NOC) de l'ouest vers l'est semblait difficilement réalisable. "Tous nos contrats sont signés avec la NOC de Tripoli. Je ne vois pas comment celle de Benghazi peut intervenir, sauf à rendre caducs des contrats qui remontent à 1955 et 2008", expliquait un industriel européen du pétrole au quotidien. D'autant que la NOC de Benghazi ne disposait pas, à l'époque, du "personnel et de l’expertise technique" lui permettant de se substituer à la NOC de Tripoli.
Or, selon plusieurs résolutions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies, dont la dernière date de juin 2017, seule la NOC placée sous l'autorité du Gouvernement d'union nationale peut gérer le pétrole libyen. La résolution de juin 2017 "condamne" sans ambiguïté toute "tentative d’exportation illicite de pétrole", notamment par le biais "d’institutions parallèles", comme la NOC de Benghazi, échappant à la tutelle du "gouvernement d’accord national".
- Parce que le processus de paix est en péril
En février dernier, lors d'une réunion à Abou Dhabi, Khalifa Haftar et Fayez al-Sarraj avaient conclu un accord, notamment en vue de former un gouvernement unifié dans lequel le maréchal serait représenté, et d'organiser des élections avant la fin de l'année. Mais ce coup de force remet tout à plat. "Nous avons tendu nos mains vers la paix mais après l'agression qui a eu lieu de la part des forces appartenant à Haftar et sa déclaration de guerre contre nos villes et notre capitale (…), il ne trouvera que force et fermeté", a prévenu le chef du gouvernement de Tripoli.
- Parce que la communauté internationale ne veut pas d'un conflit armé
Emmanuel Macron, lui, a renouvelé son soutien à la médiation de l'ONU. "Les deux dirigeants ont souligné l'importance d'une solution politique à la crise actuelle, dans le respect du droit humanitaire et des résolutions du Conseil de sécurité", a indiqué la présidence française dans un communiqué publié samedi.
Cette flambée de violence intervient alors qu'une conférence nationale sous l'égide de l'ONU est prévue à Ghadamès, dans le sud-ouest du pays. Elle doit dresser une "feuille de route" avec la tenue d'élections pour tenter de sortir le pays de l'impasse. "Nous sommes déterminés à organiser" cette conférence inter-libyenne "à la date prévue", du 14 au 16 avril, "sauf si des circonstances majeures nous en empêchent", a dit samedi 6 avril Antonio Guterres lors d'une conférence de presse à Tripoli.
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