Signe des temps, voilà qu’on
annonce le recul, sinon la disparition, de l’argent liquide. Nos chers billets
et pièces seraient sur le point de s’effacer. Tout se règle de plus en plus par
chèque ou, plus encore, par ces rectangles presque magiques que sont nos Cartes
bleues. A tous les niveaux, on s’acharne à décourager les règlements en espèces, de plus en plus considérés
comme ringards, pour ne pas dire arriérés.
Bien sûr, cela se comprend, eu
égard à la commodité et à la rapidité sans cesse accrue d’une société de plus
en plus pénétrée par le numérique. Néanmoins, on ne peut s’empêcher d’être
plutôt réservé, lorsque notre banque nous annonce qu’elle ferme ses guichets au
profit des automates pour distribuer des
billets ; plus encore quand, au Forum économique mondial de Davos, en
janvier, Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international,
paraît se rallier à la « société
sans cash » de
demain.
Tout est dit, en peu de mots :
le recul désiré du rôle de l’argent liquide ne serait pas que de commodité, ou
de simple économie. Sans doute épargnerait-il les frais de la traque de la
fausse monnaie ou de l’installation des coûteux automates bancaires ; sans
doute entraverait-il fortement les opérations illicites (drogue, prostitution, commerce des armes, évasion fiscale et travail au noir).
Mais le fait de vouloir restreindre la place de l’argent liquide ne s’explique
pas seulement par cela.
Si le nombre des ralliements à la
diminution, voire à la suppression du cash, explose, c’est d’abord parce que la politique monétaire
actuelle s’épuise.
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