Face à un mal de dos, poser le bon diagnostic est un vrai casse-tête. La dorsalgie n'est en effet pas une maladie, mais un ensemble de symptômes qui peuvent provenir d'origines très différentes. La source de la douleur peut parfois même être localisée très loin du dos !
Mécanique ou inflammatoire ?
Chez un patient sur vingt, le mal est d'origine inflammatoire. Il peut résulter d'une maladie auto-immune, telle que la spondylarthrite ankylosante qui affecte les attaches des tendons et des ligaments sur les os. Aucune anomalie n'est visible sur une radio et il faut attendre au moins cinq ans avant que l'inflammation soit détectable à la prise de sang.
En attendant, les personnes atteintes ne bénéficient pas d'une prise en charge adéquate de leurs douleurs. Plusieurs indices peuvent alerter : l'apparition d'un mal de dos précoce (avant 40 ans), sa recrudescence au repos (essentiellement durant la nuit) et une raideur matinale qui persiste une demi-heure au réveil. Mais dans la majorité des cas, la dorsalgie est d'origine mécanique c'est-à-dire liée à une mauvaise posture ou un geste inadapté.
Des diagnostics précis
Déformation de la colonne, dégénérescence d'un disque intervertébral, fragilité d'un ligament… La radio classique ne permet pas toujours de les déceler car le dos, plaqué contre une surface rigide, est en posture inhabituelle.
A l'IRM ou au scanner, les images sont prises en position allongée, ce qui permet de repérer une hernie par exemple mais non sa cause. D'où de fréquentes erreurs de diagnostic. L'unique moyen de déceler la véritable source d'un déséquilibre ostéo-articulaire est de recourir à l'imagerie dynamique (idRN) afin de visualiser le comportement des chaînes musculaires vertébrales en situation réelle.
Torsion des vertèbres, alignement du bassin, inclinaison des épaules… : le moindre déséquilibre osseux est immédiatement révélé. Le système d'imagerie EOS établit des diagnostics encore plus précis en radiographiant l'intégralité du squelette debout ou assis sous tous ses angles.On peut appréhender ainsi l'équilibre global, affiner les traitements et éviter des opérations inutiles.
Des causes surprenantes
Nombre de dorsalgies sont le fruit d'un trouble à distance qui se répercute sur le dos. Un mauvais appui au sol (pieds trop plats ou convexes) ou un dysfonctionnement des yeux peuvent induire des postures douloureuses. Inutile dans ce cas de s'en remettre à un kiné. Le port de semelles orthopédiques ou des séances d'orthoptie suffisent à gommer les douleurs.
Des troubles digestifs ou gynécologiques peuvent aussi altérer l'équilibre osseux en raison de la proximité de certains nerfs ou de la présence d'adhérences qui tiraillent à l'intérieur de l'abdomen. Plus étonnant :une organisation dentaire défectueuse, un kyste sous une molaire ou une dent manquante sont aussi susceptibles d'induire des douleurs différées. Une déviation de cinq centièmes de millimètres au niveau des mâchoires – à peine l'épaisseur d'un cheveu – peut de fait engendrer des dérèglements en chaîne et faire vaciller toute l'architecture osseuse. Comme les muscles des mâchoires sont reliés fonctionnellement aux muscles du cou et du dos, la tension se transmet de proche en proche. En cas de mal de dos inexpliqué, parlez-en à votre dentiste. Enfin, le stress est l'ennemi du dos. Un choc émotionnel ou un sentiment négatif peuvent crisper les muscles exagérément. Sans compter la fatigue qui, cumulée à de l'angoisse, forme un terreau propice à l'installation d'un trouble psychosomatique, notamment au niveau des trapèzes. D'où l'expression « j'en ai plein le dos ».
Les femmes davantage touchées
Chez la gent masculine, la testostérone réduit la perception de la douleur, mais pas chez la femme. De plus, les œstrogènes altèrent les mécanismes de contrôle de la douleur.