Le nouvel ouvrage « Le Maroc Saharien au fil du temps », publié chez Malika éditions, est une véritable mine d’informations sur les provinces du Sud marocaines.
Destiné à faire connaitre l’histoire et la culture du Sahara à un public jeune, ce livre* fera également le bonheur des adultes. Cette ballade dans le Sud marocain, écrite par la docteure en histoire Rita Aouad, surprendra les lecteurs par ses photographies, ses illustrations et surtout ses anecdotes. Une sélection des informations les plus improbables :
1- Le Sahara était autrefois une savane peuplée d’éléphants, de girafes et de crocodiles
À l’époque préhistorique, cette région était « un monde densément occupé, une savane peuplée d’une faune sauvage et domestique variée ». Des gravures rupestres dans les environs de Saguiet El Hamra et Akka représentent clairement des girafes et des rhinocéros. « Des crocodiles auraient été observés jusqu’au milieu du 20e siècle au sud d’Akka » précise l’ouvrage.
2- Avant l’islam, les rites funéraires étaient plein de mystère
Les rites funéraires sahariens préislamiques sont encore un mystère pour les historiens. La nécropole d’Adrar N’Zerzem (au nord-est de Guelmim) est l’une des rares qui a été fouillée. Elle a révélé des sépultures de femmes enveloppées dans des linceuls en cuir, mais également des bracelets de fer, un autel à sacrifice et une table à offrandes. Fait bizarre : aucune dépouille d’homme n’a été trouvée sur ces lieux.
3- Les Sahraouis étaient de grands fans d’autruches
Non, vous ne rêvez pas, il y avait aussi des autruches au Sahara. Pendant le néolithique, les coquilles de leurs œufs étaient utilisées comme ustensiles ou transformées en parures. « Leur graisse était aussi réputée pour soigner les problèmes de peaux et d’articulation ». À l’époque des caravanes marchandes du 19e siècle, leurs plumes étaient des produits de luxe, achetées à prix forts par les commerçants européens.
4- Le Sud a failli avoir sa Tour Hassan
Au 12e siècle, les Almohades lancent de grands chantiers dans tout le Maroc, et construisent la Mosquée de la Koutoubia à Marrakech, et la Tour Hassan à Rabat. Ces deux monuments auraient pu avoir une petite sœur à Akka, au cœur du Sahara, sauf que la construction du minaret de cette mosquée n’a jamais été terminée. Située à côté de Guelmim, le monument même incomplet peut être visité. En y jetant un coup d’œil, vous aurez clairement l’impression d’être en face d’une mini Tour Hassan. Dommage.
5- Les plus anciennes traces juives au Maroc se trouvent au Sahara
Selon l’ouvrage, « le plus ancien témoignage sur les juifs du Maroc est la pierre tombale de Yusef Ben Mimoun, qui remonte à l’an 3756 de l’ère hébraïque (5 av. J.-C.) ». Elle est située sur les bords de l’Oued Draa, dans l’oasis d’Ifrane. La communauté juive est restée présente dans le Sud marocain jusqu’au 19e siècle. Et tout comme Rabat, Casablanca ou Essaouira, Guelmim avait aussi un « mellah ».
6- Les expéditions de Moulay El Hassan 1er au Sahara étaient impressionnantes
Pour protéger ses intérêts dans le sud du Maroc, le sultan faisait des « harkas ». Des expéditions qui pouvaient durer six mois et lui faisaient traverser 1.400 kilomètres! Mais le souverain n’aimait pas se déplacer en petit comité. « Son expédition de 1886 a mobilisé des dizaines de milliers de personnes : des fantassins, des cavaliers, des artilleurs mais aussi des marchands » nous apprend le livre.
7- Le dromadaire, véritable star du Sahara
Dès le 4e siècle av. J.-C., le dromadaire devient l’animal phare du Sahara, très prisé par les locaux. La raison ? Ses vertus multifonctionnelles. Le dromadaire ne sert pas qu’à se déplacer. Son urine est aussi utilisée comme désinfectant intestinal et ses crottes comme combustible ou encore comme pommade contre les démangeaisons de peaux ! Et tout cela sans oublier, bien sûr, son aspect comestible…
8- Une alimentation plutôt légère et … spéciale
Que mangeaient les Sahraouis vers les années 1800 ? Selon un témoignage d’Alexander Scott, un apprenti anglais maintenu en captivité pendant six ans, ils ne prenaient qu’un seul repas par jour, après le coucher du soleil. « Il consiste ordinairement en lait de chèvre avec une portion de farine d’orge. Ils mangent aussi la chair de leurs chèvres et de leurs chameaux » écrivait l’homme. Il a également expliqué qu’ils « dévoraient parfois du cuir de chameau, ainsi que des sauterelles rôties ». Une sorte de dessert peut-être ?
9- Le Sahara avait aussi sa ville cosmopolite
À douze kilomètres de Guelmim se trouvait autrefois Tagaost, une cité commerçante qui a accueilli une population d’origines et de confessions différentes. « Musulmans arabes et berbères, juifs et chrétiens y cohabitaient. Ils étaient artisans, commerçants, convoyeurs ou agriculteurs » explique l’ouvrage. Une ville très métissée, où les femmes étaient d’une grande beauté, comme l’affirme Léon l’Africain dans un de ses textes : « Elles sont très belles et très gracieuses, et se rendent au marché très proprement vêtues ».
10- Un aventurier écossais farfelu voulait inonder une partie du Sahara
Dans les années 1870, l’ingénieur Donald Mackenzie, élabore le projet d’ouvrir un port à Tarfaya, « pour capter le commerce caravanier au profit des marchands britanniques ». Mais avant de faire cela, il pense d’abord à créer « une mer intérieure et construire un canal pour relier Tombouctou à l’Atlantique » ! Évidemment, son projet ne s’est jamais concrétisé.
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