Un an après l'accord signé entre le gouvernement et la guérilla, le 24 novembre 2016, les engins explosifs de toutes sortes, legs d'un demi-siècle de guerre civile, font toujours des victimes et entretiennent la peur dans ce pays qui figure au deuxième rang des plus minés au monde, après l'Afghanistan.
Pedro Dilman Cardona, 46 ans, lui, déroule son atroce récit sans ciller. Ses mots traduisent sa peine, son incompréhension et sa colère face à l'aide du gouvernement qui ne vient pas, ou si peu et si tard. Il y a cinq ans, un engin explosif a fauché ses deux enfants. C'était à Maracaibo, tout près d'ici, un hameau du département du Meta, en plein centre de la Colombie, dans les «Llanos» - les plaines. Une région de prairies tropicales et de collines où paissent le bétail et les chevaux, une terre riche et verdoyante.
Beltran Jaider avait 5 ans à l'époque mais s'en souvient comme si c'était hier. Il était en voiture avec sa famille. À un moment, son père, son parrain et un beau-frère se sont arrêtés sur le bord du chemin pour se dégourdir les jambes. Le téléphone portable de son père a sonné. C'est lorsqu'il a décroché que la mine, dissimulée dans les fourrés, a explosé, sans doute déclenchée fortuitement par la fréquence du mobile. Trois morts. Beltran a été grièvement blessé. Il a 16 ans aujourd'hui et ses yeux se voilent de larmes lorsqu'il évoque le drame qui a brisé sa vie. Son avant-bras gauche porte une profonde cicatrice. Il a dû subir plusieurs opérations au fil des années, la dernière il y a six mois pour soigner l'un de ses yeux touchés par un éclat. Il parle de sa «très grande douleur», remercie sa mère de l'avoir élevé, et souhaite plus que tout, aujourd'hui, «aider les autres pour que cela n'arrive plus».
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