Le peuple marocain a été indigné et meurtri par les dérapages verbaux du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, au sujet du Sahara marocain et il a tenu à le faire savoir. Hier, dimanche, ils ont été quelque trois millions de Marocains à sillonner les grandes artères de la capitale, Rabat, pour crier toute leur colère et rejeter les propos inappropriés et partiaux d’un haut responsable onusien, censé incarner une des valeurs cardinales de l’ONU : l’impartialité.
En organisant cette grandiose marche, le peuple marocain a montré encore une fois sa mobilisation permanente pour défendre sa première cause nationale : la marocanité du Sahara. Dans un élan de patriotisme qui n’est pas sans rappeler celui ayant accompagné la glorieuse marche verte, les manifestants, représentant toutes les couches sociales et l’ensemble des catégories professionnelles, syndicales et partisanes, ont tenu à dire à Ban Ki-moon et au monde entier que l’intégrité territoriale du Royaume est une ligne rouge et qu’elle ne saurait faire l’objet de marchandages ou d’un quelconque compromis. À l’unisson, les Marocains ont donc rejeté en bloc les déclarations du responsable onusien qui, en parlant d’occupation des provinces du Sud, s’est départi manifestement de sa mission d’intermédiaire devant observer scrupuleusement les principes d’objectivité et de neutralité.
Dans le même esprit de mobilisation et de patriotisme, les membres des Chambres des représentants et des conseillers avaient dénoncé, samedi, «dans les termes les plus forts les positions partiales et irresponsables et les propos provocateurs» du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, tout en exprimant leur «rejet en bloc et dans le détail» de ces propos. Dans un communiqué rendu public à l'issue d'une session extraordinaire tenue à la demande de l'ensemble des groupes parlementaires pour débattre des développements de la cause nationale, les membres des deux Chambres ont considéré que les propos tenus par le chef de l'ONU «font dangereusement fi de la noblesse des objectifs, de la mission et de la nature de l'Organisation des Nations unies ainsi que de l'esprit de sa Charte fondatrice, des normes et des règles consacrées en termes d'impartialité au service de la paix et de la stabilité à travers le monde».
Déplorable et incompréhensible, la sortie de Ban Ki-moon a choqué autant les Marocains que les observateurs internationaux. Depuis le 5 mars dernier, les réactions dénonçant un parti pris flagrant fusent de toutes parts. Chercheurs, universitaires, diplomates et hommes politiques évoquent une prise de position indigne d’un responsable onusien. Quatorze eurodéputés ont condamné jeudi dernier dans communiqué commun les propos «irresponsables» tenus par le secrétaire général des Nations unies sur la question du Sahara. Selon eux, les déclarations de Ban Ki-moon à Alger «affaiblissent et décrédibilisent les instances onusiennes». Et d’ajouter que «ces propos créent des tensions inutiles et sont des attaques graves à l'encontre du Maroc, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale en violation totale avec le droit international».
Pour sa part, l'ancien diplomate américain et spécialiste de la région, Robert Holley, estime que la récente visite de Ban Ki-moon à Alger et à Tindouf a été particulièrement décevante pour tous ceux qui espèrent voir ce conflit résolu, en premier lieu les milliers de familles sahraouies séquestrées dans les camps de Tindouf, et, de ce fait, porte sérieusement atteinte aux efforts onusiens visant une solution à ce différend artificiel. L'ONG britannique «Freedom for All» a déploré elle aussi les propos «inappropriés» tenus par le secrétaire général de l'ONU. Dans une déclaration à la MAP, la présidente de cette ONG, Tanya Warburg, s'est dite «choquée» par les déclarations «irresponsables» tenues par Ban Ki-moon en violation des principes de neutralité que doit observer cette organisation internationale.
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