Des chercheurs canadiens ont apporté la preuve que la dépression pourrait être liée à une inflammation du cerveau. Un grand pas dans la compréhension de cette pathologie qui ouvre la voie à de nouveaux traitements.
Les causes de la dépression restent mystérieuses. Et pourtant, nombre de scientifiques recherchent son origine, en vain. Certains ont même exploré la piste d'une inflammation du cerveau .
Une hypothèse déjà étudiée depuis une cinquantaine d'années, mais jusqu'ici, les chercheurs ne disposaient pas de véritable preuve liant dépression et inflammation.
Une équipe de scientifiques du Centre pour addiction et santé mentale (CAMH) de Toronto (Canada), menée par Jeffrey Meyer, a réussi à démontrer dans une étude qu'un marqueur spécifique de la neuro-inflammation, connu sous le nom de TSPO Vt, était plus élevé chez les personnes atteintes de dépression.
Inflammation du cerveau plus élevée de 30 % chez les dépressifs
Ils ont ainsi étudié la distribution d'une protéine liée à l'inflammation dans le cerveau de 20 patients dépressifs et de 20 témoins, grâce au PET scan
, une technique d'imagerie médicale. Le premier groupe souffrait d'un deuxième épisode dépressif majeur et ne prenait pas de médicaments depuis 6 semaines.
Après avoir comparé les résultats obtenus avec ceux des 20 individus témoins, les chercheurs se sont aperçus que les personnes dépressives présentaient une inflammation plus élevée de 30 % en moyenne dans trois régions du cerveau : le cortex préfrontal, le cortex cingulaire antérieur et l'insula.
Les scientifiques ont également mis en évidence un rapport entre l'importance de l'inflammation et la sévérité de la dépression. Leurs résultats ont été publiés dans la revue JAMA Psychiatry .
Dépression : vers de nouveaux traitements anti-inflammatoires
"Si des mécanismes inflammatoires sont associés au développement de cette maladie, cela suggère que l'utilisation d'agents anti-inflammatoires pourrait représenter une nouvelle approche thérapeutique intéressante", souligne Antoine Pelissolo, un des auteurs de l'étude.
"Il s'agit d'une piste très intéressante. Mais elle demande à être confirmée, car cette recherche a été réalisée sur une cohorte de patients très limitée. Néanmoins, si cette théorie est validée, elle nous offrira des marqueurs biologiques de la maladie, très utiles pour le diagnostic, mais aussi de nouveaux moyens de traitement, dont nous avons désespérément besoin", poursuit Alexandre Dayer, coauteur de l'étude.
Des travaux ultérieurs devraient être entrepris afin de déterminer si des médicaments réduisant l'inflammation cérébrale pourraient permettre de traiter efficacement une dépression sévère.
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