Dans l'Altaï, en Mongolie, se trouve la plus grosse population de chasseurs à l'aigle. Petit point sur cette pratique fascinante.
La fête de l'Aigle
Il existe deux fêtes de l'Aigle en Mongolie. L'une autour du 15 septembre, près de la ville de Sagsaï. L'autre à Ölgii, le premier dimanche et le premier lundi du mois d'octobre.
Ces festivals existent depuis plus de 2000 ans dit-on. A l'origine, c'était pour honorer les aigles chasseurs, qui aidaient les Mongols (les Kazakhs exactement) à se nourrir pendant l'hiver. Ils s'assuraient ainsi la protection des esprits qui guideraient leurs aigles vers les proies.
Aujourd'hui, c'est devenu un sport national ! Il y a en moyenne 500 participants, qui sont jugés sur différents critères, et défilent face à un jury. Les éléments observés sont, en résumé : la rapidité d'envol de l'animal, la capacité de repérage de la proie, la façon dont l'aigle plonge en piqué pour l'attraper, la coordination maître-aigle... et bien d'autres choses encore.
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Informations sur la tradition
Pour devenir un aiglier, les jeunes Kazakhs doivent avoir au minimum 13 ans. A cet âge-là, les parents estiment qu'ils peuvent supporter sur leurs bras frêles le poids d'un aigle adulte. C'est le père qui enseignera au fils l'art de la chasse à l'aigle.
Les aigles, (burkhit en mongol), sont capturés jeunes, pour apprendre à communiquer avec leur nouveau maître. De cette façon, un jeune chasseur débute avec un jeune aigle, et ils évoluent ensemble. Cependant, la coutume veut qu'au bout de 8 ans de travail commun, l'aiglier rende sa liberté à son aigle. Il se rend alors au sommet d'une montagne, lui offre un mouton (égorgé), et le laisse s'envoler. Avec cette offrande et cette démarche, les Kazakhs s'assurent que l'aigle aura une longue vie, qu'il se reproduira, et que sa descendance reviendra à un moment donné parmi les chasseurs.
Une tradition ancestrale qui a survécu
La chasse a l'aigle est l'une des plus anciennes traditions mongoles. Cependant, il faut savoir que si elle existe toujours aujourd'hui telle qu'elle a existé il y des milliers d'années, c'est... grâce au tourisme ! Et oui !
Les chasseurs d'aujourd'hui ne chassent plus toute l'année. Ils sont pour la plupart devenus des bergers nomades. Leur qualification d'aiglier leur apporte en revanche un statut spécial au sein de leur groupe. C'est à travers eux que se perpétue cette tradition.
Je vais essayer de vous expliquer pourquoi ils ne chassent plus. Premièrement, parce que gérer un troupeau est beaucoup plus simple ! Ensuite, parce que, même si la civilisation est encore loin de ces Kazakhs de l'Altaï, les marchés sont tout de même à proximité, et il y est simple d'y acheter les choses manquantes. De plus, un butin de chasse, comme un renard ou une marmotte par exemple, ne leur fait guère gagner d'argent sur ces marchés. Quelques euros, mais pas plus d'une dizaine. Alors que faire une démonstration de chasse pour un groupe de touristes, là, c'est rentable ! Les chasseurs ont vite compris l'importance de garder cette tradition vivante, même si ils n'en ont plus d'utilité dans leur quotidien. Les touristes sont heureux de voir un tel spectacle, et sont prêts à payer pour y assister.
On peut donc dire que le tourisme a plus ou moins sauvé la chasse à l'aigle dans l'Altaï !
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