Des îles artificielles en forme de palmiers, l’hôtel le plus luxueux du monde, une piste de ski dans le désert… Les Émirats arabes unis ont habitué le monde à leur folie des grandeurs, mais leurs innovations n’ont pas fini de surprendre. Touché par la sécheresse et le manque d’eau potable, le pays envisage de faire venir des icebergs directement de l’Antarctique.
Une entreprise d’Abu Dhabi a émis une idée pour le moins originale : remorquer des icebergs depuis l’Antarctique pour répondre aux problèmes de manque en eau potable que connaissent les Émirats arabes unis. Car, selon les estimations de l’entreprise National Advisor Bureau Limited, un iceberg pourrait répondre aux besoins en eau potable de près d’un million de personnes pendant cinq ans. Cependant l’idée de remorquer un iceberg sur 10 000 km est encore loin d’être réellement envisageable.
390 litres d’eau par jour par habitant
Les Émirats arabes unis sont dans une situation de sécheresse alarmante et cela ne devrait pas aller en s’améliorant. Avec une consommation d’eau moyenne par jour de 390 litres pour chaque habitant du pays, bien loin devant les Français (250 litres par habitant), les Émirats puisent dans des nappes phréatiques qui s’épuisent, obligeant le pays à chercher de nouvelles manières de produire de l’eau potable. D’autant plus que les cultures pratiquées aux Émirats arabes unis, extrêmement consommatrices en eau, tout comme l’élevage, accentuent les nécessités du pays.
Les autorités estiment que les entreprises de dessalement de l’eau, qui consomment beaucoup d’électricité, ne sont pas une solution durable pour répondre aux besoins de la population. Le projet de faire venir un iceberg dans le golfe Persique apparaît donc comme salvateur, d’autant que cela pourrait représenter une nouvelle attraction touristique pour le pays. Mais le défi est de taille.
Un projet surréaliste
Dans une vidéo de présentation, l’entreprise émiratie illustre son projet de remorquage, entre l’île Heard, située près de l’Antarctique, et la ville de Fujairah, dans le golfe Persique. Au total, 10 000 km de traversée, par l’océan Indien et la mer d’Arabie. À ce jour, aucun iceberg n’a jamais été remorqué de la sorte mais l’idée n’est pas nouvelle. Au XIXe siècle, des chercheurs proposaient déjà de remorquer des icebergs dans l’océan Austral afin de contrebalancer la température de la Terre.
Selon le chercheur David Salas Y Melia, du Centre national de recherches météorologiques (CNRM), la faisabilité de ce projet « dépend de nombreux paramètres : la température de l’eau de mer le long du trajet, la vitesse de traction, la taille de l’iceberg… »Paramètres qui ne sont pas évaluables seulement par la théorie.
Selon le chercheur David Salas Y Melia, du Centre national de recherches météorologiques (CNRM), la faisabilité de ce projet « dépend de nombreux paramètres : la température de l’eau de mer le long du trajet, la vitesse de traction, la taille de l’iceberg… »Paramètres qui ne sont pas évaluables seulement par la théorie.
Pour le spécialiste, la principale contrainte reste néanmoins le dégel de l’iceberg : « La fonte augmente avec la vitesse de traction du bateau, ce qui plaiderait pour une traction lente. Cependant, pour l’iceberg, une traction lente signifie plus de temps passé dans les eaux chaudes. » La fonte ferait également croître le risque de dislocation de la masse de glace, qui n’arriverait alors pas à bon port. Et c’est sans compter le coût de l’opération, puisqu’un simple bateau de traction peut valoir jusqu’à 75 000 dollars par jour, et que pour un tel remorquage, plusieurs seraient nécessaires.
Aussi grandiose que soit l’idée de tracter un iceberg sur 10 000 km, la solution la plus durable serait donc néanmoins d’envisager une consommation d’eau plus respectueuse de l’environnement.
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