Ecoutez les bruits de la glace sur le lac Baïkal en Russie !
La formation de la banquise annuelle
Chaque année, Le Baïkal se couvre d'une épaisse couche de glace. Au début de l'hiver (décembre), les tempêtes forment sur les rives des " sokouï ", sortes de stalactites et stalagmites, dont la hauteur peut atteindre 10 mètres. Quand le froid se fait plus vif et que la neige abonde, une bouillie de glace, la "chouga", apparaît sur le lac puis se soude en plaques, en radeaux. Par endroits, l'eau est immédiatement prise par le froid et devient alors une glace absolument lisse et transparente. Lorsque la température descend à -20°C, pendant 3 à 4 jours, la banquise s'épaissit rapidement, de 5 à 7 cm par jour. Durant la première moitié de janvier, la banquise couvre tout le lac. Du Sud au Nord, l'épaisseur de la glace varie de 70 à 130 cm. Les blocs de glace atteignent une hauteur de 3 mètres, et certains culminent même à plus de 5 mètres.
Composée d'eau douce, la glace du lac Baïkal est solide : un mètre carré de glace épaisse de 50 cm peut supporter 15 tonnes ! En hiver, on peut s'y déplacer à bord de n'importe quel véhicule. Le seul danger provient des failles qui se forment dans la banquise, et dont la largeur peut atteindre 2 mètres. Elles s'étendent sur plusieurs dizaines de kilomètres; certaines ne gèlent pas de tout l'hiver, se contractant et s'élargissant régulièrement. Ces failles, les "stanovaya schel " sont des " sutures " thermiques et servent d'articulations à la banquise en mouvement perpétuel. Les changements de température entre le jour et la nuit forment des petites fissures appelées "treschiny". Très fréquentes au printemps et sans danger, elles peuvent effrayer les novices car leur formation s'accompagne d'un bruit identique à plusieurs coups de feu.
En mars, la banquise se modifie sous l'action du dégel, mais continue à s'épaissir par endroits : elle se dilate. Si le mouvement de la banquise rencontre un obstacle (haut-fond, falaise) celui-ci la fait émerger, formant des amas de glace (les " nadvigui lda ") qui peuvent atteindre 10 mètres de haut.
La fonte commence en avril, dans le sud où jaillissent des sources sous-lacustres, et se termine au mois de juin dans le nord du Baïkal.
Les peuples de Sibérie
- Les Kourykans
Les Kourykans furent les premiers agriculteurs de la région. Les vestiges des grands champs dotés de systèmes d'irrigation sont encore visibles sur les bords du lac Baïkal. Semi-nomades, ils possédaient des colonies. Ils ont construit des villages, composés de huttes de terres, très bien défendus par des fosses et des remparts. Les Kourykans possédaient une culture développée pour l'époque : ils connaissaient l'écriture, s'adonnaient à la peinture et la sculpture. Les immigrations mongoles du XIe s. fusionnèrent avec les Kourykans et donnèrent naissance aux ancêtres des Bouriates actuels.
- Les Bouriates
A la suite d'une grande migration des peuples entre les Xe et XIIe s., les ancêtres des Bouriates et les Evenques constituaient la majorité de la population sibérienne lorsque les Russes sont arrivés.
Beaucoup de tribus nomades peuplaient les rives du Baïkal et vivaient principalement de l'élevage de chevaux, bovins, chèvres et brebis. Ils se déplaçaient continuellement d'un campement de yourtes à un autre, à la recherche de nourriture pour les animaux et les hommes. Ils étaient de fins cavaliers et le cheval était un signe de richesse.
Leurs activités auxiliaires se partageaient entre la chasse et la pêche. On chassait l'ours, le cerf et les animaux à fourrures (zibeline, renard, écureuil) en utilisant arcs, flèches et "rogatiny", sorte de longues perches munies de lames à double tranchants.
Les Bouriates apprirent à travailler fort bien le fer; certains furent de très bons joailliers.
- Les Evenques
Ils peuplaient la zone de la taïga de la Léna, de l'Angara et du Baïkal. Ce peuple fut le plus important en nombre dans toute l'histoire de la Sibérie. Nomades, les Evenques vivaient de l'élevage de rennes. Leur structure sociale était basée sur un système de clans, à leur tête se tenaient les "Zaïssans" (sages) et les chamans.
Le renne occupait une grande place dans la vie des Evenques. Il était le moyen de locomotion et de transport, la source de viande et de lait. Sa peau servait de vêtement et de revêtement des " tchouns ", habitation conique proche du Teepee des Amérindiens. Chasseurs hors pair l'hiver, ils n'avaient pas leur pareil pour pister et capturer le gibier à l'aide de pièges et d'appeaux. En été, les Evenques se consacraient à la pêche dans les lacs et rivières. Animistes et vivant en harmonie totale avec la nature, le mode de vie de ce peuple n'est pas sans rappeler celui des indiens du grand nord américain.