les Saperas sont chasseurs et charmeurs de serpents. Membres d’une très ancienne caste indienne, ils vivent à la périphérie des villes, pour la plupart dans l’Etat de l’Uttar Pradesh dans le nord du pays.
Ils forment une communauté très sollicitée car ils savent aussi guérir des morsures de serpents. Ils connaissent tous les secrets des venins et comment fabriquer des antidotes.
Il existe en Inde 270 espèces de serpents, dont une soixantaine sont très dangereux pour l’homme. 8.000 Indiens décèdent chaque année suite à une morsure de serpent venimeux. Les habitants des villages reculés font toujours appel aux Saperas pour chasser les reptiles de leurs maisons et de leurs champs.
Mais pourtant, aujourd’hui, les Saperas suscitent des réactions mitigées parmi la population. Certains les admirent. Mais les défenseurs des animaux les accusent de maltraiter les reptiles, de coudre leur bouche, d’arracher leurs crochets ou encore de percer leurs glandes à venin.
Sous la pression des associations de défense des animaux, la Loi de protection de la vie sauvage a déclaré illégale, en 1991, l’activité des Saperas. Mais malgré cet interdit, 800.000 charmeurs de serpents continuent d’exercer leur activité.
Les Saperas réfutent totalement les accusations de maltraitance. Pour eux, blesser un serpent serait comme maltraiter leurs dieux. La plupart sont hindouistes (une petite minorité s’est convertie à l’islam) et vénèrent Shiva, un dieu représenté avec un cobra royal autour du cou, ainsi que Shakti, la déesse serpent.
Ils réclament à l’Etat indien de supprimer cette loi de 1991 qui menace leur mode de vie ancestrale, transmis de génération en génération.
Si la loi continue à être appliquée, les Saperas demandent au gouvernement de leur octroyer une compensation financière car ils ne connaissent pas d’autres métiers. Et réclament également à l’Etat le droit de vendre le venin à des fins médicales.
Cette loi pose un autre problème. Depuis des années, ayant de plus en plus de difficultés à survivre, les Saperas pratiquent la contrebande et le braconnage. Ils mettent ainsi en péril des espèces de reptiles menacées.
Mais cette activité et ce mode de vie sont peut-être condamnés à disparaitre dans l’Inde moderne. Beaucoup de jeunes veulent suivre des études. Destinés à devenir charmeurs de serpents, certains d’entre eux préfèrent travailler sur les chantiers ou dans les usines. Des métiers qui rapportent plus d’argent pour faire vivre une famille.