C’est historique. Et, sans doute, cataclysmique. Le président Donald Trump a annoncé ce jeudi soir une sortie des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat. La décision risque de provoquer une onde de choc mondiale pour les 194 autres pays signataires de ce texte historique, qui vise à contenir la hausse de la température moyenne mondiale "bien en deçà" de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Les Etats-Unis, deuxième émetteur mondial de gaz à effets de serre après la Chine, vont donc rejoindre le club très, très fermé des pays à n’avoir jamais signé cet accord. Lors de la COP 21 en 2015, sur les 197 pays reconnus par l’ONU, 195 Etats s’étaient en effet mis d’accord.
Sur le coup, le jour même, "seuls" 117 pays avaient signé l’accord. La vingtaine restante l'a fait au fur et à mesure : les pays avaient en effet un an pour le parapher et le ratifier. Des pays pétroliers comme l’Arabie Saoudite, l’Irak, le Nigeria, le Yémen ou l’Azerbaïdjan, plusieurs pays africains comme le Bénin, la Botswana ou la Guinée Équatoriale, et en Amérique du Sud, le Chili et l’Équateur, se sont ainsi engagés l'année suivante. L’Ouzbékistan est le dernier pays à avoir signé le traité, le 19 avril dernier. A noter cependant : le texte, une fois signé, doit être ratifié par les parlements nationaux. Et à ce jour, 147 pays sont allés au bout de leur processus de ratification. Parmi les grandes économies, la Russie et la Turquie manquent à l'appel.
Mais il y a en revanche deux pays qui n’ont jamais signé : le Nicaragua et la Syrie. Les raisons sont très diverses. La Syrie est en pleine guerre civile depuis 2011, et Bachar al-Assad affiche clairement d’autres priorités que l’environnement. Le Nicaragua, petit pays d’Amérique centrale, a d’autres raisons, bien différentes, pour boycotter l'accord de Paris : le pays estime en effet que ce texte est largement insuffisant pour empêcher une catastrophe environnementale. "Nous ne voulons pas être complices d'un processus qui entraîne le monde vers une augmentation de 3 à 4°C, ainsi que de la mort et de la destruction que cela représente", avait indiqué le pays lors de la COP 21
Kerry avait signé avec sa petite fille dans les bras
C’est d’ailleurs l’analyse qu’en tirait en 2015 dans Le Monde Matthieru Wemaëre, avocat aux barreaux de Paris et de Bruxelles, expert en du climat et négociateur pour le Maroc lors de la COP21 : "Du point de vue du droit international, l’accord n’est pas à strictement parler contraignant dans la mesure où il ne prévoit pas de mécanisme coercitif ou de sanction pour les pays qui ne respecteraient pas leurs engagements." Un dispositif juridiquement peu contraignant, donc, mais toujours trop pour Donald Trump.
C’était le secrétaire d’Etat John Kerry qui était venu signer l’accord au siège de l’ONU en avril 2016, venu signer avec sa petite fille dans les bras, sous les applaudissements. Ce jeudi, il a réagi sur Twitter à la décision de Donald Trump, avec un message en forme de condoléances : "Mes pensées vont à la grande erreur du président Trump de mettre l’Amérique à la dernière place du grand combat qu’il avait mené. Allons-y."