Entre les deux pays, la tension monte
- Pourquoi ce regain de tension ?
- D’où vient la rivalité irano-saoudienne ?
Ryad sera un des principaux financiers de Saddam Hussein pendant la guerre entre l’Irak et l’Iran (1980-1988).Avec l’affaiblissement de l’Irak après la guerre du Golfe (1991), l’Arabie et l’Iran deviennent « les deux principales puissances régionales », relève Clément Therme, chercheur à l’International Institute for Strategic Studies (IISS), pour qui leur rivalité est d’abord « géostratégique ».
Ryad voit comme une menace pour sa propre sécurité l’influence régionale grandissante de l’Iran avec les guerres en Irak et en Syrie, et la poursuite du programme balistique iranien. Pour l’Iran, qui s’estime encerclé par des bases américaines et menacé par les arsenaux constitués par ses voisins auprès des États-Unis, les missiles qu’il développe sont purement défensifs.
- Quels facteurs conjoncturels favorisent les tensions ?
Cette concurrence « est devenue le principe organisateur des alliances au Moyen-Orient, rappelant en cela la Guerre froide, qui partageait les pays en deux camps », dit-il. Pour M. Therme, « l’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis a libéré les énergies anti-iraniennes dans la péninsule arabique » car Washington « a pris fait et cause […] pour son allié saoudien » et contre l’Iran.
Une attitude américaine tranchant avec celle de l’administration de Barack Obama (2009-2017), marquée par la signature d’un accord historique sur le nucléaire iranien.
- Quel rôle joue le clivage entre chiites et sunnites ?
« Les États arabes sont apparus comme vulnérables et l’Iran a été alors défini comme la principale menace pour la stabilité régionale », ajoute-t-il en référence au soutien affiché de Téhéran aux revendications des importantes minorités chiites dans les monarchies du Golfe.
- Comment la crise risque-t-elle d’évoluer ?
« Le risque d’escalade semble atténué par la peur d’une guerre », estime aussi M. Therme, rappelant que « l’Iran a l’expérience » douloureuse « de la guerre avec l’Irak ». Quant à l’Arabie, « est enlisée au Yémen », où elle est engagée depuis mars 2015 à la tête d’une coalition militaire pour stopper l’avancée des rebelles houthis.
Pour la société de conseil en risque politique Eurasia Group, « la rhétorique saoudienne ne reflète pas nécessairement un intérêt pour la guerre ». Mais l’argument « nationaliste » contre l’Iran pourrait être instrumentalisé par le prince héritier -qui bouscule actuellement les codes dans le royaume ultra-conservateur- pour « consolider sa position ».
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