La mise au ban de la Birmanie par l’Occident permet à Pékin de redevenir son interlocuteur privilégié.
Le ministre des affires étrangères chinois Wang Yi et
le président birman Htin Kyaw, le 20 novembre 2017
La Chine est en train d’engranger, par effet de ricochet, les bénéfices stratégiques de la tragédie frappant les Rohingya, cette population musulmane du nord de la Birmanie forcée à l’exode au Bangladesh, en raison de la violence des exactions de l’armée à son égard. Depuis le début du processus de « démocratisation », en 2011, la Birmanie était parvenue à sensiblement desserrer l’étreinte dans laquelle la tenait embrassée le dragon chinois.
La Chine était auparavant son seul véritable allié. Aujourd’hui, alors que la Birmanie est à nouveau mise au banc des accusés par l’Occident, presque comme au « bon vieux temps » de la junte militaire, la Chine peut arguer, une fois de plus, qu’elle est un partenaire sur lequel on peut compter. Pékin n’a guère tardé à s’engouffrer dans la brèche : le 6 novembre, à New York, alors que le Conseil de sécurité des Nations unies s’efforçait, notamment à l’initiative de la France et du Royaume-Uni, de faire adopter une résolution exigeant le retour des réfugiés et la cessation des violences contre les Rohingya, la Chine a aussitôt mis son veto. Le Conseil de sécurité a dû se contenter d’une simple « déclaration ». Avant même qu’Aung San Suu Kyi ne se hisse au sommet du gouvernement, en mars 2016, Pékin avait été prompt à tisser des liens avec l’ancienne dissidente naguère assignée à résidence par une junte militaire si proche des Chinois. Ceux-ci fournissaient de longue date à cette dernière presque l’essentiel du matériel dont elle avait besoin… Un signal d’alerte A un moment où les pressions occidentales s’accentuent, un certain nombre d’observateurs estiment que la Chine est en train de saisir l’opportunité de redevenir l’interlocuteur privilégié de la Birmanie. Pékin, qui en est le plus important partenaire économique, avait eu auparavant des raisons de s’inquiéter de voir l’allié birman se rapprocher des Occidentaux, et notamment des Américains. |
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