A l'initiative de Kim Jong-un, les deux Corée ont rouvert le canal de communication de Panmunjeom ce mercredi, fermé depuis près de deux ans. Cette remise en service doit permettre de rétablir le dialogue entre les deux pays.
Les tensions vont-elles enfin s'apaiser? C'est en tout cas une main tendue par la Corée du Nord que la Corée du Sud a saisie pour tenter de rétablir le dialogue. Kim Jong-un a profité de son discours du Nouvel An pour évoquer lundi la possibilité d'envoyer une délégation nord-coréenne aux Jeux Olympiques d'hiver de Pyeongchang en Corée du Sud, qui se tiendront du 9 au 25 février.
Un geste d'ouverture exceptionnel, alors que les tensions entre la Corée du Nord et la communauté internationale sont à leur apogée, depuis le sixième essai nucléaire et la multiplication des tirs de missiles balistiques de Pyongyang. La Corée du Sud a réagi positivement à cette initiative, proposant une offre de dialogue au Nord. Ce à quoi Kim Jong-un a répliqué par le rétablissement du "téléphone rouge" entre les deux pays ce mercredi, ouvrant ainsi la porte à des discussion bilatérales.
Communication directe sur des questions sensibles
Mais à quoi sert vraiment ce "téléphone rouge", et comment fonctionne-t-il? Pour le comprendre, il faut faire un pas dans le passé. Le premier "téléphone rouge" - qui n'avait d'ailleurs rien d'un téléphone, ni de la couleur rouge - avait été instauré par les Etats-Unis et la Russie en 1963. Il s'agissait d'un téléscripteur de couleur bois clair qui permettait aux dirigeants des deux pays de communiquer par messages écrits, codés et transmis par câble, et ainsi de gagner un temps considérable par rapport aux envois de lettres. Une installation qui s'inscrivait en pleine période de Guerre froide.
Plusieurs pays ont ensuite adopté ce type de communication, qui s'est développé au fil des années, permettant par la suite d'envoyer des documents ou des photos. Ce système caractérise aujourd'hui toutes les formes de communication directe entre des pays ou des autorités sur des questions sensibles comme la coopération sécuritaire.
Une ligne souvent coupée dans l'Histoire
Les deux Corée ont ouvert leur propre "téléphone rouge" en 1972, soit vingt ans après la guerre qui a scellé la division de la péninsule, et marqué la coupure de toutes les relations entre ces deux frères ennemis. Un téléphone et un fax ont alors été installés à Panmunjeom, le village frontalier où a été signé l'armistice mettant fin à cette guerre en juillet 1953. Et l'histoire de ce "téléphone rouge" coréen n'a pas été de tout repos, à l'image de l'évolution des relations entre les deux pays.
La ligne avait rapidement été coupée par la Corée du Nord, en 1976, après "l'incident du peuplier", quand des soldats nord-coréens avaient tué à coups de hache deux officiers américains, qui accompagnaient des ouvriers chargés d'abattre un arbre à Panmunjeom. Puis elle avait été remise en service en 1980, avant d'être à nouveau coupée à maintes reprises les années suivantes.
La ligne avait rapidement été coupée par la Corée du Nord, en 1976, après "l'incident du peuplier", quand des soldats nord-coréens avaient tué à coups de hache deux officiers américains, qui accompagnaient des ouvriers chargés d'abattre un arbre à Panmunjeom. Puis elle avait été remise en service en 1980, avant d'être à nouveau coupée à maintes reprises les années suivantes.
Hostilité du côté de Washington
Sur les dernières années, la ligne a été coupée en 2010 par Pyongyang après des sanctions commerciales de la part de Séoul, puis rétablie en 2011, avant d'être recoupée en 2013 après les tensions qui ont suivi les essais nucléaires nord-coréen. Puis tous les canaux officiels de communications ont été à nouveau rompus en février 2016 par Pyongyang, après que Séoul a décidé unilatéralement de fermer la zone industrielle intercoréenne de Kaesong, pour protester contre le quatrième essai nucléaire du Nord.
Cette nouvelle tentative de rétablissement du "téléphone rouge" est vue d'un mauvais oeil par les Etats-Unis, avec qui la Corée du Nord entretient des relations plus que tendues depuis plusieurs mois. L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, a jugé que la remise en service de ce système de communication ne serait qu'un simple "rafistolage". La porte-parole du département d'Etat, Heather Nauer, a estimé de son côté que Kim Jong-un "pourrait être en train d'enfoncer un coin" entre Séoul et Washington.
Pour Go Myong-hyun, analyste à l'Institut Asan des études politiques interrogé par l'AFP, Pyongyang cherche à se défendre contre les sanctions et les pressions américaines en se servant de Séoul comme "bouclier".
Cette nouvelle tentative de rétablissement du "téléphone rouge" est vue d'un mauvais oeil par les Etats-Unis, avec qui la Corée du Nord entretient des relations plus que tendues depuis plusieurs mois. L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, a jugé que la remise en service de ce système de communication ne serait qu'un simple "rafistolage". La porte-parole du département d'Etat, Heather Nauer, a estimé de son côté que Kim Jong-un "pourrait être en train d'enfoncer un coin" entre Séoul et Washington.
Pour Go Myong-hyun, analyste à l'Institut Asan des études politiques interrogé par l'AFP, Pyongyang cherche à se défendre contre les sanctions et les pressions américaines en se servant de Séoul comme "bouclier".
"Si le Sud devient le partenaire de dialogue du Nord, l'alliance américano-sud-coréenne aura des difficultés", estime-t-il.
Le dictateur Kim Jong-Un dirige la Corée du Nord, un petit pays de 25 millions d'habitants, qui défie le monde entier. Le dirigeant du pays le plus fermé au monde veut donner l'image d'un leader impitoyable. Quand il arrive au pouvoir en décembre 2011, le jeune leader à peine trentenaire est porté aux nues par la télévision officielle. Il succède à son père Kim Jong-Il et à son grand-père, fondateur du régime, Kim Il-Sung, dont il a adopté les mimiques et la coiffure.
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