Alors que le malaise policier grandit en France, coup de projecteur sur la police en Russie, particulièrement redoutée des citoyens.
Des policiers russes maitrisent un manifestant à Moscou en 2009 |
2012, l’année des scandales
Cette année-là, une série de révélations terribles a achevé de ternir l’image de la police.
Il y a eu la mort d'un homme dans un commissariat de Kazan, au Tatarstan. La victime avait été violée à l'aide d'une bouteille. Les policiers voulaient lui faire avouer le vol (imaginaire) d'un téléphone.
En Sibérie, un homme avait été torturé à mort par des policiers qui voulaient là-aussi le faire avouer. Le corps de la victime avait été abandonné par les policiers au bord d'une route.
Dans le sud-ouest de la Russie, près de la Géorgie, c'est le maire d'une ville de 400.000 habitants qui avait été frappé et menacé dans un commissariat.
Hiérarchie responsable
Ces crimes s’expliquent par la politique des supérieurs hiérarchiques des policiers. Au Tatarstan, le ministre de l'Intérieur, qui dirige donc la police, faisait l'apologie des "méthodes du moyen Age" dans un livre. Il y écrivait notamment que "si on ne peut châtier un assassin plusieurs fois, on peut mettre fin à sa vie avec les méthodes les plus cruelles, afin de montrer l'exemple".
Plus largement, le problème en Russie, c’est que les policiers ne sont pas poussés à enregistrer les plaintes des citoyens mais beaucoup plus à découvrir des crimes et des délits, par tous les moyens. Il faut faire du chiffre pour les statistiques.
Tentatives de Moscou
Pour le crime de Kazan, Moscou avait envoyé une vingtaine d'enquêteurs sur place et des policiers locaux avaient été arrêtés.
Au niveau national, en 2011, Dimitri Medvedev, alors président de Russie, avait lancé une réforme radicale de la police, notamment pour lutter contre la corruption. Dix généraux de la police avaient été limogés, surtout des ministres de l'Intérieur de républiques et de régions.
Police très corrompue
Un tiers des délits de corruption en Russie sont commis par les policiers. Ce dernier exemple donne une idée du fléau. Dans une localité proche de Rostov-sur-le-Don, des policiers de base s’étaient plaint de leur supérieur qui avait un réseau de prostitution et qui vendait illégalement des machines à sous.
Une commission d'enquête a été formée, mais uniquement avec des enquêteurs locaux. Au final, ce sont les policiers-plaignants qui ont été renvoyés de la police.