Réunion de chefs d'Etat progressistes lors de la Conférence de Casablanca en 1961. Le Roi du Maroc Mohammed V (2e en partant de la dr), est entouré de gauche à droite par Kwame Nkrumah, président du Ghana, Sékou Touré président de la Guinée, le prince Moulay Abdallah tout à droite, ainsi que Modibo Keïta président du Mali, au second rang entre Mohammed V et Sékou Touré.
Ce vendredi 18 novembre 1955, c’est le jour de la Fête du Trône au Maroc. Le royaume est en ébullition, et plus particulièrement à Rabat où le peuple attend le discours de Mohammed V qui s’annonce en tous points historique.
Défilés militaires d’infanterie, de cavalerie, ou même d’écoliers, civils brandissant des pancartes à l’honneur du souverain… C’est tout une foule en liesse qui converge en direction des ruines de la mosquée Hassan, à Rabat. Devant l’imposant minaret qui trône de ses 44 mètres sur la ville, l’esplanade se remplit peu à peu jusqu’à compter près de 100 000 personnes.
Juste après la grande prière du vendredi, Sidi Mohammed Ben Youssef s’adresse en direct à son peuple. Plein d’une fierté toute naturelle, le sultan de 46 ans prend la parole et va rapidement au fait. « Nous nous réjouissons de pouvoir annoncer la fin du régime de tutelle et du protectorat et l’avènement de la liberté et de l’indépendance ». Le peuple marocain exulte.
Après plus de 43 ans de protectorat français sur le Maroc, c’est donc Mohammed V qui prend la décision unilatérale de libérer son pays de l’emprise française en proclamant lui-même l’indépendance. Une indépendance de fait et autoproclamée car il prend de vitesse l’État Français, qui bien qu’étant engagé sur cette voie n’avait pas encore officialisé la fin du protectorat… Et le souverain chérifien de fixer le cap à cette indépendance – la modernisation du royaume -, comme il le résume dans cette célèbre phrase lors du même discours du 18 novembre : « Le Maroc sort du petit jihad pour s’engager dans le grand jihad ».
Les « Trois Glorieuses » marocaines
Tout est allé très vite. Mohammed V n’est revenu d’exil que deux jours plus tôt, le 16 novembre, nommé « Jour du Retour ». La République française l’avait en effet éloigné de son royaume – lui et sa famille – depuis le 20 août 1953, successivement à Ajaccio, en Corse, puis à Madagascar, en le remplaçant par son cousin Mohammed Ibn Arafa.
Ce n’est que trois mois plus tard, le 2 mars 1956, que la France mettra officiellement fin au protectorat sur le Maroc
Mais suite aux soulèvements indépendantistes de plus en plus fréquents, le sultan est amené en France à la fin d’octobre 1955. À la Celle-Saint-Cloud, ville de la banlieue sud de Paris, le ministre des Affaires étrangères Antoine Pinay et Mohammed V s’accordent sur un protocole pour l’indépendance du Maroc, consistant à mettre en place un « État démocratique à monarchie constitutionnelle », selon leur déclaration commune. Avec l’abdication de Mohammed Ibn Arafa, obtenue sur pression française dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre, le retour du souverain est acté.
Les « Trois Glorieuses » marocaines commencent donc le 16 novembre et se poursuivent les deux jours suivants. Après le « Jour du Retour », le 17 novembre devient le « Jour de la Renaissance ou de la Résurgence ». Le 18 novembre, jour du discours de Mohammed V, est quant à lui tout naturellement appelé « Jour de l’Indépendance ».
Ce n’est que trois mois plus tard, le 2 mars 1956, que la France mettra officiellement fin au protectorat sur le Maroc. Le 7 mars, Mohammed V annonce à son peuple le retour effectif à l’indépendance. Puis le 7 avril de la même année, l’Espagne reconnaît également l’indépendance marocaine en vu de quitter le territoire, mais ne restitue qu’une partie du littoral marocain qu’elle occupait au nord du pays. Il faudra attendre 1975 et la Marche verte pour que le Maroc ne récupère définitivement ses « provinces du Sud », anciennement Sahara espagnol.
Le 18 novembre, date symbolique
Le 18 novembre est ainsi une date symbolique a plus d’un titre. C’est ce même jour qu’en 1927 que Mohammed V a succédé à son père, le Sultan Moulay Youssef. La Fête du Trône – Aïd el-aârch – qui marque l’accession au trône – est instaurée en 1933. Fêtée le 3 mars sous Hassan II, elle se déroule aujourd’hui le 30 juillet, sous Mohammed VI.
C’est après la mort du « Libérateur de la Nation » en 1961, lorsque les autorités décident de fixer une date pour la commémoration de l’indépendance marocaine que le 18 novembre sera choisi en souvenir de Mohammed V, dont le mausolée est depuis 1971 installé sur l’esplanade de la tour Hassan à Rabat où il prononça son fameux discours.
Couronné roi en 1957, le souverain restera un moteur de la décolonisation, soutenant le FLN ou encore les Lumumbistes, mais aussi un fervent partisan du panafricanisme. Il impulsera notamment la Conférence de Casablanca en 1961, réunissant des chefs d’État tels que Kwame Nkrumah, Sékou Touré ou Modibo Keïta et posant les jalons de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) qui naîtra deux ans plus tard.
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Ce jour-là : le 18 novembre 1955 à Rabat, Mohammed V annonce la fin du protectorat français sur le Maroc
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